Auditionné à l’Assemblée, le président du Conseil français du culte musulman a annoncé qu’un texte fondateur a été « validé ». Ouvrant la voie à la difficile création du Conseil national des imams.
Le 28 décembre, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a annoncé qu’il se retirait du processus de création d’un Conseil national des imams (CNI), dénonçant une « composante islamiste » au sein du CFCM. Accusant certaines fédérations parmi les neuf représentées en son sein de ne pas vouloir « qualifier l’apostasie de crime » ni renoncer à « stigmatiser celles ou ceux qui renoncent à une religion ». Une charte des valeurs républicaines, voulue par Emmanuel Macron, devait être signée en décembre a rappelé le député Éric Diard (LR), questionnant Mohammed Moussaoui sur les raisons de cette « paralysie ».
Les fédérations ont approuvé « le texte fondateur dès le 10 novembre », s’étonne le président, affirmant qu’il aurait pu être validé « le 28 décembre ». S’il confirme que la « réécriture de certains paragraphes » a bien été sujette à discussion, les principes cités « y figuraient » ainsi que le respect « d’égalité entre les hommes et les femmes » assure-t-il.
Le texte « validé par la Grande mosquée de Paris et toutes les fédérations aurait dû être adopté le 15 décembre. J’ai proposé à ce que des amendements puissent être apportés avant le 30 décembre. Je n’ai eu aucun retour. »
Faire taire "les rumeurs"
Ce texte de référence, « le seul disponible à ce jour », vient faire taire « les rumeurs », estime-t-il, ajoutant qu’il ne trouvait « aucun motif clair » à la position de la Grande mosquée de Paris. Il appelle Chems-Eddine Hafiz à « identifier » cette composante islamiste « qu’il n’a pas nommée », jetant ainsi « l’opprobre sur les autres », estime-t-il.
Le « combat contre l’extrémisme se réclamant de l’Islam est aussi le nôtre », a soutenu Mohammed Moussaoui. « Projet de loi contre le séparatisme islamiste est le nom qui restera collé » à ce texte, ajoute-t-il. Le CFCM appelle à ne pas « stigmatiser les musulmans » en accolant systématiquement, dans le texte, « l’adjectif radical » au terme « islamisme ».
Des inquiétudes exprimées
Reconnaissant « l’utilité » d’une majorité des dispositions, le président a, toutefois, fait part d’« inquiétudes » relatives au statut des associations cultuelles musulmanes en majorité placées sous le régime de la loi 1901. Il pointe, notamment, un risque de « contrôle au faciès » par les autorités chargées d’évaluer leur activité. Pour affranchir le culte « des financements étrangers » et inciter à adopter le régime de la loi 1905, il propose, par exemple, d’autoriser la constitution de « souscriptions collectives, permettant d’assurer le fonctionnement des mosquées ».
Examen du projet de loi « Respect des principes de la République » : nouvelle semaine d’auditions qui commence par l’intervention de Mohamed Moussaoui, président du Conseil Français du Culte Musulman @CfcmOfficiel pic.twitter.com/HmVAWEAyOk
— François de Rugy (@FdeRugy) January 11, 2021
Mise au point sur le projet de la création du Conseil National des Imams - Union des Mosquée de France https://t.co/Z5EDjT7jqY
— Mohammed Moussaoui (@PresidentUmf) December 29, 2020