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Colonisation : l'Algérie réclame à la France «la totalité de ses archives»

Le directeur des archives algériennes réclame aux autorités françaises la totalité des archives de la période coloniale (1830-1962). Il dénonce les « faux prétextes » dont userait Paris à ce sujet.

(AFP) - Abdelmadjid Chikhi a été chargé en juillet par le président algérien Abdelmadjid Tebboune de travailler sur la mémoire de la colonisation et de la Guerre d'Algérie, de concert avec l'historien français Benjamin Stora. «L'Algérie réclame la totalité de ses archives, dont une grande partie se trouve en France, qui a toujours avancé de faux prétextes, comme par exemple la déclassification de nombre d'archives pourtant réunies depuis plusieurs décennies», a-t-il déclaré.

«Les demandes de la partie algérienne sont claires et ne nécessitent pas de concertations», a estimé le directeur des archives nationales, ajoutant que «la question est immuable car le passé ne saurait être effacé ou oublié». «Nous oeuvrons à ce qu'il fasse partie de relations apaisées et équilibrées» à construire entre les deux pays, a-t-il ajouté, lors d'une conférence de presse au siège de la radio publique à Alger.

Chikhi a également critiqué la législation française sur les archives publiques, stipulant qu'elles sont «inaliénables et imprescriptibles», en estimant que ce dossier «objet de négociations, n'est pas encore clos». La France a restitué à l'Algérie une partie des archives qu'elle conservait, mais a elle gardé la partie concernant l'histoire coloniale et qui relève, selon elle, de la souveraineté de l'Etat français.

L'accès aux archives de la colonisation, déménagées en France après l'indépendance de l'Algérie en 1962, est une des principales revendications des anciens combattants algériens.

Il y a trois ans, en visite officielle en Algérie, le président français Emmanuel Macron prônait un partenariat d'égal à égal avec cette ancienne colonie. Si Paris a restitué à l'Algérie une partie des archives qu'elle conserve, elle a gardé la partie concernant l'histoire coloniale et qui relève, selon elle, de la souveraineté de l'Etat français. 

En savoir plus

"Dans les difficiles rapports franco-algériens, la question de la mémoire et de l’écriture de l’histoire figure parmi les questions les plus difficiles. Le problème de la restitution des archives d’Algérie n’est toujours pas réglé. Après l’indépendance de 1962, une grande majorité des archives ont été emportées en France et déposées au centre de recherches d’Aix- en-Provence. Puisque l’Algérie c’était trois départements français et non pas un protectorat, ces documents - qui traitent de l’urbanisme ou de la surveillance des partis algériens, de l’organisation de la vie dans les campagnes ou des opérations militaires menées par l’armée pendant la guerre d’Algérie - sont considérés comme des archives de souveraineté par la France. Il n’y a donc jamais eu de restitutions d’archives, réclamées par les gouvernements algériens qui se succèdent depuis cinquante ans."

Benjamin Stora

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