Partager sur :

Maroc : le Covid-19 fait de plus en plus de victimes

En attendant la campagne de vaccination qui doit démarrer en décembre, la deuxième vague de la pandémie continue d’enfler, avec une explosion des cas positifs et des décès.

(Jeune Afrique) - Depuis le 31 octobre, la courbe du nombre quotidien de nouveaux cas de Covid-19 au Maroc s’affole. Alors que le record s’établissait avant cette date à 4320 cas (le 30 octobre), il n’est plus rare de voir ce chiffre dépasser la barre des 5000 depuis le début du mois, avec un pic à 6195 nouveaux cas pour la seule journée du 13 novembre.

La pandémie a fait, depuis son arrivée au royaume, plus de 5000 morts, pour plus de 310 000 cas cumulés et 257 000 guérisons.

« Personne n’est épargné »

« Personne n’est épargné, il n’y a pas une famille qui n’a pas son lot de malades ou de morts du Covid », nous lance ce Casablancais, dont un cousin âgé de 32 ans est décédé des suites du coronavirus début octobre, et qui a un oncle actuellement intubé, dans le service de réanimation à l’hôpital Ibn Rochd.

La seule région de Casablanca-Settat compte près de 20 % des cas du royaume, avec pour la journée du 19 novembre, 1749 nouveaux malades. Si 78 % des personnes atteintes du Covid sont asymptomatiques, pouvant donc être prises en charge à domicile, ou mises en quarantaine dans des structures d’isolement telles que la Foire de Casablanca, 22 % présentent des symptômes tels que la détresse respiratoire nécessitant une prise en charge hospitalière.

Dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, les chiffres connaissent également une hausse vertigineuse, avec 864 nouveaux cas le 19 novembre. Une situation d’autant plus inquiétante que si le Maroc a quadruplé les lits de réanimation et de soins intensifs par rapport au début de la pandémie, au printemps, en neuf mois, les places sont devenues aussi rares que chères.

Alors que la deuxième vague de Covid-19 enfle, une pression de plus en plus forte s’exerce sur les services de santé. Le pays manque cruellement de personnel soignant. Ces derniers mois, des médecins et infirmiers d’autres services que la médecine interne ou l’anesthésie ont été mis à contribution, et des diplômés de l’école d’infirmiers appelés en renfort aux côtés des réanimateurs. Mais les effectifs restent insuffisants à l’échelle nationale.

« La fatigue au sein des services est palpable. Les médecins, les infirmiers et les aides-soignantes qui, pour la plupart ont repoussé leurs vacances cet été, sont sous tension, au bord de l’épuisement », confie cet anesthésiste du CHU Ibn Sina à Rabat. « Sans compter le stress et la peur face au nombre croissant face au nombre croissant de confrères atteints du Covid »

Le privé à la rescousse

Au début de la pandémie, le secteur public était seul à gérer les cas Covid, à l’exception de certaines cliniques qui ont été mises à la disposition de l’État. La contribution du privé consistait davantage à aider et à équiper des structures publiques pour la prise en charge du coronavirus.

Dès que les chiffres ont commencé à s’envoler, les structures publiques ont vite été dépassées, ce qui a nécessité l’intervention du secteur privé notamment pour aider à absorber le flux des cas sévères et critiques.

La prise en charge des malades Covid dans les cliniques privées a été ainsi autorisée dans 4 grandes villes : Rabat, Marrakech, Casablanca et Agadir. Avec une nouveauté, la possibilité de prise en charge des cas Covid en ambulatoire : des cliniques ont ainsi lancé la prise en charge à domicile avec suivi complet, à l’instar de la Fondation Cheikh Zaïd. Dénommé « Allô Hôpital Fondation Cheikh Zaïd », ce service est déjà disponible à Rabat, Casablanca et leur périphérie. Et ambitionne de s’étendre aux autres villes du royaume d’ici mars 2021.

Le recours au privé pose néanmoins la question du coût : sur les réseaux sociaux, les témoignages affluent sur les sommes élevées exigées, à avancer obligatoirement pour que la clinique accepte de prendre en charge les patients, les demandes de versement en espèces ou de chèques de garanties, et parfois les refus de délivrance de factures… Des pratiques déjà existantes avant la pandémie, mais qui ont été exacerbées durant cette période.

Sans compter que cette problématique est amplifiée par l’absence de couverture maladie chez de nombreux patients. À l’heure où le Maroc est engagé dans le chantier de généralisation de la couverture médicale à toute la population, la révision des tarifs de référence des établissements privés apparaît comme un point clef.

Stratégie de vaccination

Pour gérer cette deuxième vague, plus virulente que la première, le Maroc n’a pas choisi l’option dure du confinement. Mais des restrictions sont maintenues dans les régions les plus touchées : couvre-feu, autorisations de déplacements dans certaines villes, télétravail autant que possible, etc.

Plutôt qu’un confinement général, trop coûteux pour l’économie du pays, le Maroc a opté pour la vaccination, décision prise le 9 novembre par le roi Mohammed VI.

Cette opération géante, qui va se dérouler de décembre à avril, cible l’ensemble des Marocains de plus de 18 ans. Avec une priorité donnée à ceux qui sont en première ligne dans le combat contre le coronavirus — le personnel soignant, les forces de sécurité, les employés de l’éducation nationale –, ainsi qu’aux plus vulnérables — les personnes âgées et celles atteintes de maladies chroniques.

Complexe à mettre en œuvre, notamment en termes de logistique, elle s’appuiera sur une mobilisation générale des forces de l’État, des cadres supérieurs de santé aux fonctionnaires. « Les moqqaddems font déjà le tour des maisons pour dresser une liste des noms des personnes à vacciner en priorité », raconte cet habitant du quartier Hay Hassani, à Casablanca.

En prévision de cette campagne, le royaume a d’ores et déjà passé des commandes pour deux vaccins Covid-19 qui sont en phase 3 d’essais cliniques et qui bénéficieront d’une autorisation d’urgence de mise sur le marché : celui du laboratoire chinois Sinopharm et celui d’Astra Zeneca. Par ailleurs, il serait en négociation avec le géant américain de l’industrie pharmaceutique Pfizer.

Partager sur :