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Journée internationale des Migrants : quatre questions à Abdellah Boussouf, secrétaire général du CCME

La Journée internationale des migrants est célébrée le 18 décembre de chaque année. La commémoration cette année qui prendra fin dans quelques jours se tient dans une conjoncture internationale marquée par la pandémie du Coronavirus (Covid-19) et ses mesures drastiques pour éviter, autant se faire que peu, la contamination et la propagation du virus. Malgré ces contraintes si difficiles, le  Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME)  veille au suivi de la situation des Marocains du monde afin d’apporter des solutions aux problématiques qu’ils rencontrent.

En cette journée internationale des migrants, le secrétaire général du CCME, Abdellah Boussouf revient, dans une déclaration à 2M.ma, sur la situation des Marocains résidant à l’étranger ainsi que des migrants, dans ce contexte de crise sanitaire et économique qui a impacté le monde.

Entre déconfinement et couvre-feu, comment trouvez-vous les conditions de vie des migrants au Maroc ?

La pandémie et les mesures sanitaires nécessaires pour la protection de la population ont eu un impact socio-économique général avec des degrés différents. Quant aux migrants au Maroc, ils ont montré un respect aux mesures de confinement sanitaire. Mais à l’instar de la population marocaine avec un faible revenu ou qui exerce dans les secteurs directement touchés par les répercussions de la pandémie, une partie des migrants au Maroc se trouve dans des conditions difficiles.

Force est de souligner que malgré les répercussions difficiles de la pandémie pour nous tous, les actions de solidarité sociale des Marocains avec les personnes en situation de vulnérabilité dont font partie les migrants et les réfugiés ont marqué une belle image d’une société généreuse accueillante et fidèle à ses valeurs fondamentales.

La pandémie confirme toutefois l’intégration des migrants et réfugiés dans le tissu social et institutionnel marocain. L’étude réalisée par le Haut-Commissariat au Plan sur l’impact du Covid-19 sur la situation socioéconomique et psychologique des réfugiés au Maroc, a révélé que les trois quarts des 600 ménages enquêtés ont disposé d’une autorisation exceptionnelle de sortie, les membres de 8 ménages réfugiés sur 10 ont suivi des cours à distance et un accès aux services de santé qui atteint une moyenne de 65% pour les personnes souffrant des maladies chroniques ou passagères lors du confinement.

La pandémie a provoqué des pertes d'emploi partout dans le monde. A quel point les Marocains du monde ont-il été impactés ?

Les Marocains du monde ont aussi connu des moments difficiles au niveau économique et social à cause de la pandémie et le couvre-feu bien qu’ils résident dans des pays plus développés avec une tradition migratoire plus ancienne que le Maroc.

Ils subissent de leur part la perte de travail, la vulnérabilité de logement notamment pour ceux qui vivent dans les grandes métropoles, sans oublier la situation impitoyable des émigrés marocains en situation irrégulière qui ont vécu une double souffrance à la marge de tout intérêt médiatique ou politique dans les pays de résidence.

Dans ce cadre, les Marocains du monde ont montré aussi un engagement citoyen en appliquant les mesures du confinement sans hésitation mais aussi en participant à différentes actions sociales pour aider et soutenir les plus démunis. Il s’agit là encore des valeurs ancrées dans l’identité marocaine quel que soit le contexte.

Quelles sont les problématiques clés de la politique migratoire ?

Au cours des dernières années, le Maroc n’est plus un pays de passage pour les migrations internationales vers l’Europe mais devient aussi un pays d’accueil pour les milliers de nos concitoyens africains. Ce changement de paradigme avait imposé d’autres défis sur les politiques publiques marocaines. En 2014 et grâce à la vision stratégique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a adopté la Politique nationale d’immigration et d’asile, une première en Afrique qui affirme l’engagement du Royaume pour consolider les droits des migrants et faciliter leur intégration au Maroc.

Plusieurs initiatives ont été mises en œuvre dans ce cadre pour veiller à la bonne gestion des flux migratoires en régularisant la situation administrative de plusieurs milliers de migrants, et assurer l’accès des migrants aux services de santé, à la formation professionnelle, à l'emploi, à la justice et à l'enseignement etc... 

Cependant et face à ce phénomène en mouvement permanent, la politique migratoire au-delà de la transversalité doit faire face à plusieurs défis nouveaux, notamment liés à l'accès aux logements pour les migrants, aux besoins culturels et cultuels pour renforcer l’intégration socioculturelle des migrants notamment dans les petites villes.

D’autre part, la réussite de notre stratégie nationale pour les migrants impose une large mobilisation associative et sensibilisation médiatique afin de faire connaître les droits et les obligations des usagers.

Mais les efforts du Maroc sous les directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, leader africain sur la migration, en faveur des migrants en général et particulièrement les migrants africains, sont considérables à l’échelle internationale, régionale et nationale. Et la création de l’Observatoire africain des Migrants à Rabat, comme exemple de l’engagement du Maroc vis-à-vis des citoyens du continent Africain, permettra en effet de répondre aux différents besoins des migrants en Afrique et générer une meilleure connaissance du phénomène migratoire dans le continent.

Peut-on dire que le Maroc est une destination privilégiée des étudiants africains ?

En effet, le Maroc est devenu une destination privilégiée des étudiants en provenance des pays subsahariens. Les chiffres officiels de 2019 indiquent que plus de 20.000 étudiants étrangers poursuivent leur parcours académique au Royaume, 83% viennent des pays de l’Afrique. Mais aussi des étudiants venus d’autre pays plus développés comme les Etats Unis qui comptaient en 2019 plus de 1700 de ses étudiants dans les universités marocaines, selon le rapport « Open Doors 2020 ».

La conjoncture mondiale à l’heure actuelle connaît une forte concurrence en matière de mobilisation des compétences, ce qui fait des étudiants étrangers au Maroc et des étudiants nationaux une cible importante pour les pays développés particulièrement les lauréats des spécialités scientifiques comme la médecine, l’ingénierie de la télécommunication, l’analyse des systèmes…

Cette réalité impose un énorme enjeu devant nos politiques publiques, qui doivent non seulement inciter les étudiants étrangers hautement qualifiés à faire carrière au Maroc, mais aussi à créer des offres opportunes dans le marché marocain afin de protéger les lauréats nationaux de différentes institutions supérieures face à cette concurrence écrasante.

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