Partager sur :

La Grande Mosquée de Strasbourg au coeur d'une polémique

La mairie EELV de Strasbourg est accusée de financer «une mosquée soutenue par une fédération qui défend l'islam politique».

Le ministère de l'Intérieur a accusé la mairie EELV de Strasbourg de financer «une mosquée soutenue par une fédération qui défend l'islam politique» au lendemain d'un vote approuvant «le principe d'une subvention» de plus de 2,5 millions d'euros.

«La mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l'islam de France et qui défend un islam politique», a réagi M. Darmanin dans un tweet publié dans la nuit de lundi à mardi. «Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatiste soit bientôt votée et promulguée», a-t-il ajouté.

Le conseil municipal de Strasbourg a adopté lundi «le principe d'une subvention» de plus de 2,5 millions d'euros pour la construction d'une mosquée de Millî Görüs (CIMG), association réputée proche de la Turquie.

Cette subvention représente «10% du montant des travaux», a relevé lors du vote la maire EELV de Strasbourg, Jeanne Barseghian, dont la majorité a affirmé qu'il s'agissait d'un pourcentage habituel pour le subventionnement des lieux de culte dans la capitale alsacienne. Le versement effectif de la subvention, critiquée par l'opposition municipale, doit faire l'objet d'un nouveau vote.

Retour sur l'histoire de la mosquée

Ce projet de construction de mosquée ne date pas d’hier. Au milieu des années 90, d’anciens locaux industriels ont été rachetés par la Confédération islamique du Milli Görüs (CIMG) pour y installer une mosquée dans le quartier de la Meinau, dans le sud de la ville. En 2008, le projet de construction de la mosquée est officiellement lancé. Le permis de construire est quant à lui accordé une première fois en novembre 2014, avant d’être définitivement attribué le 11 juin 2015.

À terme, la mosquée, dotée de ses deux minarets s’élevant à 36m de haut, doit pouvoir accueillir quelque 2500 fidèles. La confédération du Milli Görüs est réputée proche du pouvoir turc. Elle est aussi très présente en France, notamment en Ile-de-France et en Alsace. L’organisation revendiquait quelque 150 000 membres il y a trois ans.

Les travaux de la mosquée avaient dû être stoppés en 2017 faute de financements suffisants. Finalement, le CIMG a sollicité l’aide de la Collectivité européenne d’Alsace et de la région Grand-Est « à hauteur de 8 % chacune », soit une proportion égale à celle attribuée pour la Grande mosquée de Strasbourg inaugurée en 2012.

La mairie a-t-elle le droit de verser cette subvention ?

Lundi soir, l’attribution d’une subvention a été votée par une large majorité au conseil municipal, avec 42 voix pour et 7 contre. Rappelons que la loi de 1905, dite de séparation des Églises et de l’Etat, ne s’applique pas en Alsace et Lorraine. Cette exception, historique, est liée au fait que ces deux territoires étaient allemands lorsque le texte a été promulgué. Là-bas, c’est le concordat, signé en 1801 par Napoléon et le pape Pie VII, qui continue de s’appliquer pour les trois principaux cultes de l’époque : les religions catholique, protestante et juive.

Les services de l’Etat sont parfaitement fondés à contribuer au financement des édifices religieux. Pour les trois cultes concernés par le concordat, l’Etat finance également les responsables religieux, continue le constitutionnaliste Didier Maus. L’archevêque de Strasbourg et l’évêque de Metz sont ainsi nommés par le chef de l’Etat, en accord évidemment avec le Vatican », poursuit-il.

L’Islam ne fait pas partie en tant que tel du concordat. C’est la raison pour laquelle l’Etat, y compris en Alsace-Moselle, n’est aucunement fondé à nommer les représentants des cultes musulmans. En revanche, au nom de l’égalité entre les cultes, la municipalité peut revendiquer de financer la construction d’une mosquée autant qu’elle soutiendrait celle d’une église.

Sources : AFP et Le Parisien

Partager sur :