Une nouvelle promotion de la Médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme a été publiée ce dimanche 7 mars au Journal officel. 237 personnes, touchées dans 66 attentats différents, survenus depuis 1974 en France et à l'étranger, en font partie.Six victimes de l'attentat de Strasbourg figurent parmi elles.
La France remet à 237 victimes d'attentats la Médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme pour leur "rendre hommage" et saluer "leur résilience". Cette nouvelle promotion a été publiée ce dimanche 7 mars au Journal officiel. "La Médaille nationale de reconnaissance est un symbole de solidarité et contribue à la cohésion nationale", indique la Grande chancellerie de la Légion d'honneur dans un communiqué. Elle a été créée le 12 juillet 2016 et a été attribuée, au total, à 458 personnes tuées, blessées ou séquestrés lors d'actes terroristes commis en France ou à l'étranger (contre les intérêts de la République française).
Les 237 personnes décorées dans cette cinquième promotion sont des civils et des militaires, Français et étrangers. Ces victimes ont été touchées dans 66 attentats différents, survenus en France et à l'étranger. Il s'agit d'attaques qui ont eu lieu entre 1974 - attentat du drugstore Publicis - et 2019 - attaque à la préfecture de police de Paris.
Six Strasbourgeois, dont Mostafa Salhane
M. Gueye, M. Mager, Mme Marzouq, M. Rehspringer, M. Reysz et M. Salhane, voici le nom des six victimes de l'attentat de Strasbourg, le 11 décembre 2018 qui figurent parmi les 237 personnes touchées dans 66 attentats différents, survenus depuis 1974 en France et à l'étranger.

Le témoignage de Mostafa Salhane
Il a passé quinze minutes en tête à tête avec l'auteur de l'attentat du marché de Noël à Strasbourg (Bas-Rhin). Le 11 décembre 2018, il est 20 heures lorsque Mostafa Salhane, chauffeur de taxi, voit arriver vers lui un individu qui s'installe à l'arrière de sa voiture. "Roule", lui ordonne-t-il.
Il s'agit de Cherif Chekatt, qui vient de commettre l'attaque qui a coûté la vie à cinq personnes, dans le centre-ville de Strasbourg. "Il est armé, en sang, je ne peux qu'exécuter ses ordres", raconte le chauffeur. "De toute façon, toi avec ton téléphone et ta voiture, tu ne vas plus nulle part : tu vas rester avec moi. C'est fini pour toi", lui affirme Cherif Chekatt. Prisonnier au volant de son taxi, Mustapha Salhane se prépare à mourir. Mais après quinze minutes, le terroriste change d'avis. Il fait descendre le chauffeur de sa voiture, pointe l'arme sur lui mais ne tire pas.
"Intérieurement, on est mort"
C'était la dernière course de Mustapha Salhane, qui a depuis sombré dans la dépression. "On est un mort-vivant, on devient toxique avec tout le monde (...) on passe d'un homme actif à un homme détruit du jour au lendemain", déplore-t-il.
L'ancien chauffeur de taxi n'est pas le seul à souffrir de ces blessures invisibles. Ichrak Marzouq, une agente de sécurité venue au secours des victimes alors que le terroriste était encore sur place, n'est plus la même depuis cette funeste journée. "Certes, on est debout sur nos deux pieds, mais intérieurement, on est mort", témoigne la jeune femme.
C'est pour faire reconnaître leur traumatisme qu'ils ont créé l'Association des victimes psychologiques de l'attentat de Strasbourg.