Le syndicat Sud santé se plaint du problème de sureffectif du service des mineurs isolés. Deux éducateurs ont été blessés suite à une rixe rapporte le quotidien Le Républicain Lorrain.
« Les jeunes sont entassés sur des matelas dans des conditions d’accueil inadmissibles. » Eric Florindi, délégué du syndicat Sud Santé, évoque l’accueil des mineurs étrangers isolés au Centre départemental de l’enfance (CDE) situé route de Plappeville, à Metz. Une situation de promiscuité qui soulève des tensions. « Dimanche dernier, deux éducateurs ont été agressés par des jeunes qui, habituellement, ont un comportement irréprochable [lire notre article]. Mais l’effet de groupe crée des conflits ».
Le syndicat en colère
Pour Eric Florindi, comme pour Fabienne Dziarnowski, éducatrice jeunes enfants et secrétaire de Sud Santé, c’est également « la menace d’être mis à la porte » qui provoque ce genre d’incident. « Ils doivent subir une évaluation de minorité selon des critères qui mériteraient d’être objectivés. »
« Ces jeunes portent un parcours d’exil et un passé difficile et dangereux. Ils ont du mal à s’exprimer, à se poser. Les éducateurs, pas assez nombreux face au nombre, ne sont plus en mesure de les écouter, de les accompagner. »
« Jeudi, rappelle le délégué syndical, ce sont huit jeunes qui ont été mis dehors, ils se retrouvent à la rue. On en compte une quinzaine depuis la mi-décembre. »
Face à ces incidents, le syndicat a « signé le registre de danger grave et imminent. Nous avons également demandé de faire réduire le nombre de mineurs dans les groupes. Ils sont 40 pour un éduc', on en a déjà eu 70. Nous avons également proposé qu’un groupe d’urgence s’ouvre, pour qu’ils puissent au moins dormir dans les lits et pas à même le sol dans des réfectoires. Ils ont le droit à l’intimité, à un accompagnement et un renforcement éducatif ».
La parole à la direction
Denis Poisson, le directeur du CDE, reconnaît que ce phénomène de sureffectif, qui se prolonge au fil des mois, « pose quelques soucis ». « Mais, pour le moment, on préfère, pour les mineurs reconnus comme tels, qu’ils dorment sur des matelas plutôt qu’à la rue. » Quant aux majeurs, « ils sont orientés vers des structures adaptées, poursuit le directeur du CDE. Le 115 est prévenu, mais les services de l’État ne prennent pas toujours le relais ».
Pour autant, il rappelle que la situation n’est pas délaissée. « À la mi-septembre, le conseil départemental a mis en place une plateforme d’accueil de 30 places à Vigy, on a créé des appartements, une Maison d’enfants à caractère social (Mecs) de 40 places au foyer Carrefour et le président Patrick Weiten a rappelé, lors de ses vœux, qu’11 M€ avait été injectés pour la prise en charge des mineurs étrangers.
D’autres projets, d’autres conventions avec des institutions ou associations vont encore être programmés pour tenter de dénouer le flux des mineurs étrangers isolés. Au Centre départemental de l’enfance, le problème de sureffectif joue les prolongations. « Au mois de juillet, on est monté à 70 adolescents dans les pavillons », poursuit le directeur. On y travaille, mais la situation ne peut se résoudre par un simple claquement de doigts ».
Quant à l’accident qui s’est produit dimanche 14 janvier, Denis Poisson explique qu’il y a bien eu rixe entre deux adolescents. « Deux éducateurs se sont interposés, l’un a pris un coup de poing, l’autre une chaise, mais ces coups ne leur étaient pas destinés. Ce qui ne minimise rien. En réalité, les éducateurs sont des victimes collatérales, car ils ont bien fait leur boulot. »
Du point de vue de la justice
Plaintes ont été déposées, et les deux jeunes mineurs de 14 et 15 ans ont été placés en garde à vue et entendus. En attendant la convocation devant le juge des enfants, ils ont été mis en examen. Le plus jeune est poursuivi pour violence n’ayant pas entraîné d’interruption temporaire de travail (ITT) et dégradation dans un établissement d’enseignement ou d’éducation. Le second, pour violence ayant entraîné une ITT de sept jours commis sur une personne chargée de service publique avec une arme par destination.