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Nancy : Un salaire mirobolant pour le patron d'une section syndicale

Alors que des millions de Français galèrent à cause de la grève de la SNCF menée par l'un ou l'autre des patrons syndicaux les plus obtus, on apprend, ce matin, dans la presse régionale qu'au moins un chef de file syndical au niveau national, habitant en Meurthe-et-Moselle, se paye un salaire mirobolant au détriment de l'assurance maladie.

Le président et la secrétaire générale de la fédération CFTC du bâtiment sont dans le collimateur de la justice nancéienne pour leurs rémunérations très élevées. C'est la presse régionale qui révèle le pot aux roses.

L'Est Républicain - 17.000 € : voilà le salaire mensuel pour le moins confortable que toucherait Patrick DG, le président de la fédération nationale du bâtiment de la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens) qui est  aussi secrétaire général de la CFTC 54. C’est ce qu’a révélé il y a quelques jours Le Canard enchaîné. Son bras droit, Caroline T, présidente de la CFTC de Meurthe-et-Moselle, percevrait également une rémunération conséquente, qui s’élèverait à quelque 13.000 € brut.

Ce serait d’autant plus étonnant que la syndicaliste avait quitté son emploi de salariée de la CFTC en 2009 pour « inaptitude ». Des problèmes de santé avaient, en effet, débouché sur son placement en invalidité puis son licenciement. Elle avait alors empoché la coquette somme de 140.000 € d’indemnités. Ce qui ne l’a pas empêché de retrouver son poste, auquel elle était pourtant soi-disant inapte physiquement, sept ans plus tard, en mars 2016. Comment cet incroyable come-back professionnel a-t-il été possible ? Cela reste nébuleux pour l’instant.

Ce qui est certain, c’est qu’en redevenant secrétaire générale de la CFTC du bâtiment, elle aurait récupéré son impressionnante rémunération. Une rémunération qui avait explosé en 2008, dans les mois précédant son départ. Son salaire serait brutalement passé de 3.660 € mensuel à 10.845 €. Un bond d’autant plus incompréhensible que Caroline Tykosczinsky sortait alors de deux ans d’arrêt maladie.

En réintégrant la CFTC du bâtiment en 2016, elle a refait un bond, plus modeste certes, pour atteindre les 12.996 €. Ce qui pose un sérieux problème. Car cet argent provient en grande partie de fonds publics. Caroline Tykosczinsky, tout comme son président Patrick Del Grande, multiplient en effet les casquettes et siègent dans plusieurs organismes sociaux paritaires comme la Caisse d’allocation familiale (CAF) et la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM).

Anticor 54 et la CPAM montent au créneau

Conséquence : ce sont ces organismes qui, au final, financent indirectement leurs salaires. « On a l’impression que tous ces organismes sont devenus leurs petites entreprises et qu’ils font ce qu’ils veulent dedans », dénonce Marcel Claude d’Anticor 54, l’association de lutte contre la corruption qui vient de faire un signalement au procureur de Nancy.

Il n’est pas le seul à monter au créneau. La CPAM s’est également étonnée du niveau de rémunération de Caroline Tykosczinsky et a refusé de rembourser ses heures de participation à des conseils d’administration. Il faut dire que la responsable CFTC réclamait une somme encore plus importante que celle figurant sur sa feuille de paie. Il était, en effet, question d’un salaire mensuel de 16. 468 €.

« C’est délirant ! Je suis avocat de beaucoup de syndicats. Je connais les rémunérations des dirigeants. Ce ne sont jamais ces chiffres-là ! », s’indigne Me  Jérôme Karsenti, l’avocat de la CPAM qui a aussi saisi la justice.

Nos demandes d’explications sur ces chiffres « délirants » auprès de la CFTC 54 sont restées lettres mortes. Caroline Tykosczinsky a, en revanche, répondu, le 16 janvier dernier, aux questions de la juge d’instruction de Nancy, Carole Mazzacavalo. En tant que témoin assisté*. Suite au signalement d’Anticor et aux révélations de la CPAM, le parquet a réclamé sa mise en examen. La juge d’instruction a refusé. Le procureur a fait appel il y a quelques jours.

 

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