L'A31 et l'A30 étaient temporairement fermées à la circulation, dans les deux sens, dimanche matin. Les deux unités restantes de l'ancienne centrale thermique de Richemont ont été dynamitées à 9h15.
Une puissante sirène a retenti quelques minutes avant la mise à feu, dimanche matin à 9h15. Puis les deux unités de production de cette ancienne centrale EDF qui a longtemps produit de l'électricité en brûlant les gaz dégagés par les hauts fourneaux, se sont écroulées au sol en créant, par ce temps sec, un immense nuage de fumée.
Pour éviter que les automobilistes non avertis ne s'effrayent ou soient perturbés par ce dynamitage qui s'annonce spectaculaire, les tronçons autoroutiers voisins de l'A31 (entre Mondelange et Guénange) et de l'A30 (entre Uckange et Mondelange) avaient été fermés à la circulation à 9h05 et jusqu'à dissipation des poussières, vers 9h30 environ, voire un peu avant. La circulation était interdite dans les deux sens.
Quelques minutes avant la détonation, de puissants jets d'eau sont déclenchés pour limiter la poussière. Une sirène retentit alors. Une minutes plus tard, les déflagrations successives se sont fait entendre. À 9h15, les unités 4 et 5 de l'ancienne centrale thermique EDF de Richemont se sont écroulées. «C'est la dernière étape du processus de déconstruction et de réhabilitation de cet ancien site de 52 hectares. Les trois premières unités avaient été détruites en juin dernier. L'achèvement des travaux, découpe de l'acier, dépollution des sols... est prévu en 2020. La destination future du terrain n'a pas encore été décidée. Ce peut être une autre centrale ou encore un projet industriel avec d'autres partenaires», explique-t-on chez EDF.
Au total, ce sont 7 500 tonnes de ferraille sur 45 m de haut qui ont rendu l'âme. «L'équivalent de la Tour Eiffel et du Centre Pompidou». Mise en service au début des années cinquante, la centrale brûlait les excédents de gaz des hauts-fourneaux des usines alentours et fournissait de l'électricité pour alimenter les sites sidérurgiques du secteur. Pas étonnant que de nombreux riverains se soient massés, le long des routes et sur le parvis des mairies de Richemont et de Bousse pour assister au spectacle! Chacun a eu au moins un membre de sa famille, qui y a travaillé. «L'émotion était palpable sur les visages», relate un témoin de la scène. Un vaste périmètre de sécurité avait été établi de 7h à 10h sur 300 mètres pour un total de 17 points de bouclage. La navigation sur la Moselle avait été interdite et l'espace aérien fermé . «Les services de l'État ont aussi procédé au blocage temporaire de l'A31, 10 minutes avant l'explosion et 10 minutes après»
Il était possible de suivre en direct l'abattage de l'ancienne centrale via YouTube comme l'indique EDF Grand Est dans un tweet. L'ancienne centrale thermique avait été arrêtée en 2009. Le 21 octobre 2012, ses trois cheminées avaient été dynamitées. Puis, les blocs 1, 2 et 3. C'était il y a un peu plus d'un an, le 11 juin 2017. La sirène indiquera la levée du dispositif de sécurité.
La centrale thermique de Richemont est une ancienne centrale thermique située dans la commune française de Richemont, dans le département de la Moselle. De sa mise en service, en 1954, jusqu'à son arrêt, en 2010, la centrale valorise le gaz de haut fourneau produit par la trentaine de hauts fourneaux des usines sidérurgiques des vallées de la Fensch et de l'Orne. Grâce à son gazomètre, elle optimise et répartit l'utilisation du gaz entre les différentes usines.
À la suite de la crise de la sidérurgie dans le bassin lorrain et des fermetures en cascade des hauts fourneaux locaux, la centrale est devenue propriété d'EDF. Le réseau et les postes électriques sont revendus à EDF en 1989, la centrale le 1er janvier 1995. La centrale ne valorisait, en 2000, que le gaz produit par les deux hauts fourneaux de l'usine sidérurgique de Florange (c'est-à-dire les hauts fourneaux P3 et P6 situés sur le ban de Hayange). À cette date, une tranche de 125 MWe (no 5) fonctionnant toute l’année au gaz de hauts fourneaux acheminé par gazoduc depuis Hayange, et une tranche de 55 MWe (no 3) consommant également du gaz, utilisée en secours, suffisait à la valorisation du gaz.
Le contrat de fourniture de gaz avec ArcelorMittal se terminait en 2010. La période de croissance qui a précédé la Crise des subprimes, ainsi que l'OPA de Mittal Steel Company sur Arcelor permet d'imaginer une survie des hauts fourneaux de Hayange au-delà de cette échéance. Mais, le 12 novembre 2008, une grosse casse de la turbine à gaz no 5, la plus grosse, en plein crise économique, nécessite plusieurs millions d'euros d'expertise et de réparation. Cette réparation n'est jamais réalisée : ArcelorMittal, en pleine tourmente financière, ne peut ni ne veut la payer, et EDF refuse de s'engager au vu de ses obligations contractuelles et de l'incertitude économique entourant alors la sidérurgie lorraine ainsi que les handicaps structurels de la centrale elle-même (éloignement des hauts fourneaux, sur-dimensionnement, âge des installations…).
Après deux ans d'arrêt, et à la suite de l'échec des négociations de remise en état, le gazomètre et le gazoduc qui cheminait jusqu'à Hayange est démantelé en 2010-2011. EDF a néanmoins évoqué la construction d'une nouvelle centrale sur le même site. Le 21 octobre 2012 en matinée, les deux cheminées de la centrale d'une hauteur de 113 mètres, ainsi qu'une plus petite, ont été détruites. Le 11 juin 2017, l’ancien bâtiment des machines a été démoli par une procédure de semi-froudroyage.