Maglor - Au Maghreb, le Fonds monétaire international (FMI) est confronté à deux situations contrastées. D'une part, la Tunisie a décidé de bouder l'institution pour la première fois depuis son adhésion en 1958. Fin 2023, le gouvernement tunisien a demandé le rapport indéfini des consultations prévues dans le cadre de l'article IV, qui devait se se déroulera jusqu'au 17 décembre. Cette décision a entraîné l'inscription de la Tunisie sur une liste de pays ne respectant pas les délais de ces consultations pour la première fois de son histoire, avec un retard de trente-deux mois.
D'autre part, la Libye a renoué avec le FMI après une décennie de rupture. Les consultations annuelles au titre de l'article IV, interrompues depuis mars 2013, ont repris en juin 2023. En novembre de la même année, une délégation du FMI à l'ue des discussions avec des responsables libyens.
Si la rupture temporaire entre la Tunisie et le FMI est accordée au refus du président Kaïs Saïed d'appliquer des réformes structurelles jugées risquées pour la stabilité sociale, la longue interruption des relations entre le fonds et la Libye est due à des raisons purement techniques, selon Dmitry Gershenson, chef de mission pour ce pays.
Il explique que la fragmentation du pays après 2011 a compliqué la collecte et la publication de données économiques essentielles, rendant difficile l'engagement du FMI avec la Libye. Malgré cela, des missions de développement de capacités et des échanges de données ont eu lieu entre les autorités libyennes et le FMI avant la reprise des consultations au titre de l'article IV en 2023.
Après une réunion à Tunis entre une délégation du FMI et des responsables libyens en novembre 2023, M. Gershenson a souligné l'urgence d'une vision économique claire pour la Libye. Il estime qu'à court terme, un budget crédible est nécessaire pour soutenir la stabilité politique, tandis qu'à moyen terme, le pays doit diversifier son économie et favoriser une croissance tirée par le secteur privé. Enfin, à long terme, des réformes structurelles sont nécessaires pour renforcer les institutions, lutter contre la corruption et améliorer la gouvernance.
Après cette réunion, les autorités libyennes, notamment les ministres de la Planification et des Finances, se sont engagés à poursuivre le dialogue avec le FMI et à mettre en œuvre ses recommandations.