Plus de 200 personnes marocaines et algériennes, issues de la société civile, ont appelé samedi à un "retour à la raison" et à "contrer l'escalade" dans une pétition publiée à la suite de la décision d'Alger de rompre ses relations diplomatiques avec Rabat.
(AFP) - Les signataires appellent "à contrer l'escalade et à faire face aux appels à la confrontation et à la haine, pour mieux consolider les piliers de la fraternité, de la coopération et pour contribuer à construire l'avenir auquel nous aspirons", selon un communiqué.
Intellectuels, universitaires et acteurs de la société civile – en majorité marocains – disent refuser "la situation actuelle qui voudrait aboutir à une confrontation contre-nature (...) antinomique avec les intérêts des deux peuples et de ceux de la région".
Le 24 août, l'Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, en l'accusant "d'actions hostiles" après des mois de tensions exacerbées entre ces deux pays du Maghreb.
Le Maroc a, pour sa part, regretté cette décision "complétement injustifiée" et rejeté "les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui la sous-tendent".
Les relations entre les deux pays voisins sont traditionnellement difficiles en raison, notamment, de l'épineux dossier du Sahara occidental.
Fin juillet, le roi du Maroc Mohammed VI avait déploré les "tensions" avec l'Algérie, invitant le président algérien Abdelmadjid Tebboune "à faire prévaloir la sagesse" et "oeuvrer à l'unisson au développement des rapports" entre les deux pays.
Les liens diplomatiques avaient été rompus une première fois entre les deux pays quand le 7 mars 1976, Rabat mettait fin à ses relations avec Alger qui avait reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD), autoproclamée par les indépendantistes du Front Polisario.
La frontière entre l'Algérie et le Maroc est officiellement fermée depuis le 16 août 1994.
Texte intégral de l'appel et liste des premiers signataires
Nous, soussigné·e·s, intellectuel·le·s, militant·e·s de la société civile et citoyen·ne·s engagé·e·s,
• Exprimons notre grande inquiétude face à l’escalade actuelle dans les relations entre le Maroc et l’Algérie ;
• Refusons la situation actuelle qui voudrait aboutir à une confrontation contre-nature, confrontation qui ne peut être qu’un déni de l’histoire profonde de notre région et de son immanence, elle est donc antinomique avec les intérêts des deux peuples et de ceux de la région;
• Croyons que nos peuples se vouent mutuellement des sentiments de fraternité et qu’ils sauront dépasser ces moments de crispation en en limitant l’impact et en sauvegardant le potentiel d’un avenir commun prometteur par la mobilisation de leurs capacités créatrices ;
• Appelons l’ensemble des personnes et des organisations de bonne volonté dans les deux pays, et au-delà du Maghreb, à agir pour qu’un terme soit rapidement mis à l’escalade et pour le retour à la raison ;
• Partant du principe de sauvegarder l'intérêt de nos deux peuples, nous sommes convaincus que les véritables femmes et hommes d’Etat sont celles et ceux qui construisent le vivre-ensemble, la paix et la coopération et non celles et ceux qui s’inscrivent dans la course à la haine, à l’armement, aux escalades et aux appels à la guerre ;
• Comprenons que de nombreuses affaires litigieuses sont en suspens entre les deux Etats et affirmons que la résolution des problèmes entre personnes sensées résulte de l’écoute, de la recherche de l’entente, de la créativité dans l’élaboration des solutions et de leur mise en œuvre et non dans l’appel aux instincts basiques d’agressivité de populations chauffées à blanc les unes contre les autres ;
• Attestons que les défis de développement qui se trouvent devant nos peuples sont énormes et que, en venir à bout, ne peut se concevoir sans un degré élevé de collaboration régionale. La fuite en avant dans la confrontation nous entraînera fatidiquement dans des situations encore pires que celles que nous vivons ;
• Regrettons que nos sociétés civiles n’aient pas toujours été à la hauteur des défis et affirmons que la situation actuelle ne leur laisse plus le choix de tergiverser, à moins de renier ce qui constitue leur raison d’être ;
• Nous engageons à œuvrer collectivement, Algérien·ne·s, Marocain·e·s, Maghrébin·e·s et amis de nos peuples à contrer l’escalade, faire face aux appels à la confrontation et à la haine pour mieux consolider les piliers de la fraternité, de la coopération et contribuer à construire l’avenir.
Signataires :
- Jamila Sayouri, avocate, Rabat
- Abdelillah Benabdesselam, militant des droits de l’homme, Rabat
- Azedine Akesbi, économiste, universitaire, Rabat
- Abdelkader Berrada, universitaire, Rabat
- Mohamed El Aouni, militant des droits de l’Homme, Rabat
- Abdelaziz Nouaydi, avocat, Rabat
- Ahmed Assid, universitaire, Rabat
- Abdesslam Chafchaouni, militant des droits de l’Homme, Rabat
- Khadija Ryadi, ancienne présidente de l'AMDH, lauréate du prix de l'ONU pour les droits humains, Rabat
- Omar Bendourou, universitaire, Rabat
- Kamal Lahbib, militant associatif, Casablanca
- Driss Bensaïd, universitaire, Rabat
- Mbarek Athmani, militant des droits de l’Homme, Rabat
- Abdellah Hammoudi, universitaire, Princeton, Rabat
- Sion Assidon, militant associatif, Casablanca
- Mehdi Lahlou, universitaire, Rabat
- Abderrahim Jamaï, avocat, Rabat
- Noureddine Ayouch, publicitaire, Casablanca
- Mustapha Laaraki, militant des droits de l’Homme, Rabat
- Ahmed Assoulaimani, directeur du Centre d’Etudes et de Recherches Mohamed Bensaïd Aït Idir, Casablanca
- Dounia Benqassem, éditrice d’art, Casablanca
- Mounia Bennani Chraïbi, universitaire, Lausanne
- Ahmed Bernoussi, militant des droits de l’Homme, Rabat
- Meriem Benkhouya, militante associative, Rabat
- Addala Benraad, journaliste, Paris
- Abdellah Ben Mlih, politologue, France
- Bichr Bennani, éditeur maghrébin, Casablanca
- Hocine Tandjaoui, écrivain, Paris
- Fatima Titouh, psychiatre, Paris
- Mohammed Ennouhi, militant des droits de l’Homme, Rabat
- Ayad Ahram, militant des droits de l’Homme, Paris
- Youssef Belal, universitaire, Casablanca
- Smaïn Laacher, universitaire, Strasbourg
- Abdelmoughit Benmessaoud Tredano, universitaire, Rabat
- Saïd Fawzi, militant des droits de l’Homme, Paris
- Mohamed Boulami, militant des droits de l’Homme, Rabat
- Abderrahim Berrada, avocat, Casablanca
- Monique Becquet Berrada, Casablanca
- Abdallah Zniber, militant associatif, Paris
- Aziz Elmrabet, interprète de conférences, Lyon-Rome
- Abdeltif Laabi, poète, Paris-Rabat
- Fouad Abdelmoumni, économiste, Rabat
- Abdou Berrada, journaliste (r), Paris
- My Ismail Alaoui, universitaire, Rabat
- Aïssa Kadri, historien, Paris
- Naima Abdelmboumni, citoyenne marocaine, Marrakech
- Souad Abdelmoumni،, cadre d’assurance, Casablanca
- Fatima al Idrissi Mokhtar, citoyenne marocaine, Casablanca
- Latifa el Bouhsini, universitaire, Rabat
- Souad Chentouf, militante féministe, Tanger
- Abdelbaki Yousfi, dirigeant d’entreprise, Casablanca
- Omar El Hyani, ingénieur, Rabat
- Mohammed Sassi, politiste, Rabat
- Abdellatif el Hamamouchi, militant des droits humains, Témara
- Aziz Rhali , président de l'AMDH, Rabat
- Abdelkrim Lamrani, journaliste, Casablanca
- Bouchaïb Belamine, membre du comité préparatoire de Hizb Al Oummah, Rabat
- Larbi Maâninou, défenseur des droits humains, enseignant à la retraite. Paris
- Mohamed Mahjoubi, citoyen marocain, El Jadida
- Saïd Salmi, journaliste
- Adil Jazouli, sociologue, Paris
- Afaf Jazouli, citoyenne marocaine, Paris
- Mohamed Chaouih, militant syndicaliste, Paris
- Sami (Abdeslam) Ghalbzouri, président de l’association Les Marocains de France
- Abdelaziz Boudraa, militant des droits de l’homme, France
- Rachid Zemmouri, acteur associatif
- Rahman Nouda, écrivain, essayiste, ancien prisonnier politique, Casablanca
- Samad Aït Aïcha, militant des droits de l’homme, Paris
- Amina Kadiri, universitaire (r), militante des droits des Femmes, Rabat
- Faïza Ghozali, journaliste, Paris
- Mohamed Elhilali, directeur de la revue Alhourria
- Habiba Ryadi, militante associative
- Abdelhamid Amine, militant des droits de l'Homme, ancien président de l'AMDH
- Hassan Aourid, écrivain, Rabat
- Afaf Bernani, journaliste, réfugiée à Tunis
- Fatima Rtimi, militante associative
- Fatiha Fadel, citoyenne marocaine
- Mohamed El Ouafi, acteur politique, Maroc
- Mohamed Hafid, universitaire, Casablanca
- Mustapha Brahma, acteur politique, Khouribga
- Souad Brahma, avocate, Casablanca
- Mohamed Larbi Ben Othmane, universitaire, Rabat
- Younès Benkirane, militant des droits humains. Paris
- Ghassane Lamrani, universitaire, Rabat
- Lahsen Barakat, professeur retraité, Témara
- Ali Bensaad, universitaire, Paris
- Youssef Mezzi, acteur associatif
- Abdelhak Serhane, écrivain, professeur émérite, Etats-Unis
- Bachir Ben Barka, France
- Khaddouj Gharbi, universitaire, Fès
- Mustapha Majdi, acteur associatif, France
- Rachid Zemmouri, consultant, Rabat
- Al Mostaf Raoud, journaliste, Maroc
- Abderrahim Tourani, écrivain, journaliste, Casablanca
- Tewfik Allal, militant de l’émigration en France, président Manifeste des Libertés (Algérie)
- Mouhieddine Cherbib, militant des droits humains (Tunisie)
- Sanhadja Akrouf, militante féministe (Algérie)
- Yacine Tassadit, anthropologue, Paris
- Ghani el Kabbage, écrivain, ancien détenu politique, Marrakech
- Ali Bennani, ingénieur ( r ), Paris
- Amina Khalid, militante associative, Casablanca
- Mourad Alla
- Ahmed Bouachrine Al Ansari, chercheur et militant des droits humains, Rabat
- Malika Benarab-Attou, femme politique, militante associative, Paris
- Ahmed Chiba, militant associatif, Rabat
- Fayçal Chérif, universitaire, Tunis
- Mohamed Laalami, ingénieur, France
- Latifa Jbabdi, militante des droits humains, Rabat
- Mohamed Skalli, homme d’affaires, Casablanca
- Azzedine Bernoussi, entrepreneur, Casablanca
- Saïd Salhi, défenseur des droits humains, Bouira
- Ahmed Merzouki, ancien « disparu » à Tazmamart pour 18 ans, Salé
- Fifi Benaboud, ancienne fonctionnaire internationale, Algérie
- Malika Rafiq, universitaire, Casablanca
- Naïma Rafiq, enseignante, Casablanca
- Halima Hamdane, écrivain, conteuse, Paris
- Mouloud Boumghar , professeur des universités, juriste
- Daho Djerba, historien, directeur de la revue Naqd
- Jaffar Lakhdari, consultant
- Abdelouahab Fersaoui, militant associatif, président du RAJ, Alger
- Mohamed Hennad, universitaire, politologue
- Zoubir Arous, professeur des universités, directeur de laboratoire de recherche
- Moussaoui Abderahmane, professeur, anthropologue
- Ali Guenoun, historien
- Lotfi Maherzi, universitaire, ancien recteur de l’UFC Alger
- Khelifa Messamah, universitaire, professeur en économie
- Salim Chena, universitaire, politologue
- Dalila Ahmedi, avocate
- Mohamed Sadoun, juriste.
- Madjid Chaker, militant associatif, président association AIDONS
- Bachir Dahak, juriste.
- Touriya Fili, enseignante-chercheure, Lyon2
- Nacer Hamzaoui, professeur des universités, Villeurbanne
- Mourad Belkahla, médecin, chercheur, Lyon
- Sennane Bouzid, économiste coopération-développement
- Othmane Benzaghou, militant associatif, coordinateur de l'initiative Doustourouna
- Kamel Chaouche, journaliste
- Omar Benderra, économiste
- Ali ElBaz, militant associatif
- Tahar Khalfoune, universitaire
- Mustapha Bouaziz, historien, Rabat
- Ignacio Cembrero, journaliste et écrivain, Madrid
- Lilia Rebaï, universitaire, directrice du Dialogue Société Civile - Région EuroMed- Euro-Mediterranean Human Rights Network
- Jeanne Chiche, enseignante-chercheur à la retraite, Rabat
- Gérard Maarek ,urbaniste retraité, Paris
- Françoise Valensi, médecin franco-tunisienne, Pari
- Khadija Mohsen-Finan, enseignante-chercheure, Paris
- Anissa Daoud, comédienne, réalisatrice, Tunis, Paris
- Saïd Hajji, retraité, Rabat