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Crise diplomatique entre la France et l'Algérie : le patron de la DGSE s’est rendu à Alger

Nicolas Lerner

Maglor - La tension entre la France et l'Algérie a franchi un nouveau seuil au début de l'année 2025, culminant dans une série d'événements diplomatiques marqués par des échanges houleux et des accusations mutuelles. Alors que la crise semble atteindre un point de non-retour, la France a tenté un geste de dénouement avec une visite de son directeur général des services de renseignement extérieur (DGSE), Nicolas Lerner, à Alger, le 13 janvier 2025. , bien que brève, s'inscrit dans un contexte complexe de tensions diplomatiques exacerbées par des questions mémorielles, politiques et économiques.

La France et l'Algérie : Une relation marquée par des divergences profondes

Les relations entre la France et l'Algérie se sont considérablement détériorées ces derniers mois. Le point de friction majeur a été la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cette position, jugée favorable au Maroc, a été perçue par l'Algérie comme un affront, exacerbant une série de différends anciens.

Les accusations d'ingérence française dans les affaires intérieures algériennes ont alimenté la crise, notamment en raison des critiques récurrentes à la rencontre des activités de la DGSE. Alger a accusé les services de renseignement français de tenter de déstabiliser le pays, des allégations rejetées par Paris, mais qui ont contribué à envenimer les relations.

En parallèle, un autre incident majeur a marqué la montée des tensions : l'affaire Boualem Sansal, écrivain emprisonné en Algérie. Le président Abdelmadjid Tebboune a qualifié le détenu d'opinion de "traître", une insulte qui a profondément choqué l'opinion publique en France. La situation s'est encore aggravée avec l'affaire du tiktokeur "Boualem N", expulsé d'Algérie, alimentant ainsi une spirale de tensions entre les deux pays.

La mission de Nicolas Lerner : Une tentative de désescalade

Dans ce climat de crise, l'envoi de Nicolas Lerner à Alger semble viser à éviter une rupture définitive des relations entre les deux nations. Selon des sources proches des cercles algériens, la visite de Lerner a permis des discussions avec le général Fethi Moussaoui, responsable de la Direction des renseignements extérieurs (DDSE) d'Algérie. Ce rapprochement, bien qu'informel, pourrait constituer le premier pas vers un apaisement des tensions.

Les autorités françaises, conscientes des enjeux économiques et politiques d'une rupture durable avec l'Algérie, tentent de privilégier une diplomatie parallèle. La France entend ainsi apaiser les tensions par des canaux discrets et éviter une escalade supplémentaire de la crise diplomatique. Les deux pays partagent des liens historiques solides, notamment en matière de coopération économique, commerciale et culturelle, ainsi que sur le plan humain avec la présence d'une diaspora algérienne de plus de 5 millions de personnes en France.

Un contexte interne français tendu

En France, l'extrême droite se fait particulièrement entendre dans cette crise, en poussant pour des mesures de rétorsion contre l'Algérie. Les politiques sécuritaires et migratoires sont au cœur de ce discours, avec des propositions de sanctions visant à « punir » le pays voisin. Ce climat de radicalisation complique encore les efforts de la diplomatie française, d'autant plus que certains membres du gouvernement semblent céder aux pressions de l'extrême droite.

À l'inverse, un parti du gouvernement français, soutenu par Emmanuel Macron, semble vouloir maintenir un cap pragmatique. L'envoi de Nicolas Lerner est un signal de la volonté de Paris de ne pas rompre les ponts avec Alger. Toutefois, l'approche reste marquée par une forte vigilance sur les opinions qui dominent l'échiquier politique français.

Un avenir incertain pour les relations franco-algériennes

Les obstacles restent nombreux pour parvenir à une normalisation des relations entre la France et l'Algérie. Les dégâts accumulés par les échanges acerbes et les incidents diplomatiques rendent toute tentative de rapprochement difficile. Toutefois, certains signes d'ouverture sont perceptibles, notamment dans les discours plus nuancés des autorités algériennes.

Il est probable que cette crise prenne du temps à se résoudre, mais l'enjeu est de taille. Les deux nations ont tout à gagner à restaurer une relation saine et constructive, à la fois pour la stabilité régionale et pour leurs intérêts mutuels. Il reste à savoir si la diplomatie parallèle initiée par la DGSE suffit à convaincre les deux parties de la nécessité d'aller vers une véritable désescalade.

Ainsi, bien que le chemin vers une réconciliation soit semé d'embûches, la visite de Nicolas Lerner à Alger marque un premier pas vers une désescalade des tensions, et pourrait, si les conditions sont réunies, permettre à la France et à l'Algérie de renouer un dialogue serein. La diplomatie, dans toute sa complexité, pourrait encore avoir un rôle à jouer dans cette crise, dont l'issue reste incertaine.

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