Maglor - Le gouvernement espagnol, sous la direction de Pedro Sánchez, a récemment annoncé une proposition visant à restreindre l'achat de biens immobiliers aux étrangers non résidents, y compris les citoyens algériens et marocains. Cette mesure, qui s'inscrit dans une volonté de rendre le marché immobilier plus accessible aux résidents locaux, suscite à la fois des espoirs et des controverses.
Une réponse à la spéculation immobilière
Avec environ 27 000 propriétés acquises par des étrangers non résidents en 2023 – soit près de 4 % des transactions immobilières totales –, la spéculation immobilière est perçue comme un frein à l'accès au logement pour les citoyens espagnols. Les acheteurs britanniques se distinguent, représentant à eux seuls 9,5 % des acquisitions. Toutefois, d'autres nationalités, comme les Algériens et les Marocains, occupent également une place importante sur ce marché, notamment dans des régions prisées comme la Costa del Sol et les îles Baléares.
Pour contrer cette dynamique, le gouvernement envisage d'introduire une taxe dissuasive pouvant atteindre 100 % de la valeur du bien pour les investisseurs non européens. Ce dispositif s’inspire de politiques similaires appliquées au Canada et au Danemark, où des mesures restrictives ont permis de stabiliser le marché immobilier local.
Une initiative qui divise
Cette proposition ne fait toutefois pas l’unanimité. Le Parti populaire (PP), principal parti d’opposition, qualifie la taxe de "xénophobe et inefficace". Selon ses porte-parole, une telle mesure pourrait nuire à l’attractivité de l’Espagne en tant que destination d’investissement.
Les professionnels du secteur immobilier, de leur côté, s'inquiètent des répercussions sur l'économie. "Ces restrictions risquent de dissuader les investisseurs étrangers, ce qui pourrait ralentir la reprise économique et affecter des régions où l’immobilier représente une part importante de l’activité économique", avertit un expert.
Des répercussions pour les acheteurs algériens et marocains
Les Algériens et les Marocains, qui représentent une part significative des acquisitions immobilières en Espagne, seraient directement touchés par ces restrictions. Nombre d’entre eux investissent dans des propriétés en Espagne, soit comme résidence secondaire, soit comme placement financier. Cette mesure risque donc de freiner ces investissements et de modifier le profil des acheteurs étrangers sur le marché espagnol.
Un enjeu législatif et diplomatique
Avant de devenir réalité, ces propositions doivent encore passer par le Parlement espagnol, où le gouvernement ne dispose que d'une majorité relative. Des ajustements pourraient être apportés lors des débats, mais cette initiative reflète un désir plus large de réguler un marché jugé de plus en plus inégalitaire.
Par ailleurs, cette mesure pourrait exacerber les tensions avec certains pays, notamment le Royaume-Uni, l’Algérie et le Maroc, dont de nombreux citoyens sont attirés par l'Espagne pour leurs résidences secondaires.
Une volonté de prioriser les locaux
Pedro Sánchez a défendu cette mesure comme une réponse à un problème structurel : le logement. "Nous devons nous assurer que les Espagnols puissent accéder à un logement à un prix raisonnable, et cela passe par une régulation stricte du marché", a-t-il déclaré.
Si cette proposition est adoptée, elle marquerait un tournant dans la politique immobilière espagnole, avec des conséquences potentielles à la fois sur le plan national et international. Pour l’instant, le débat reste ouvert, reflétant les tensions entre les aspirations locales et les dynamiques globales du marché immobilier.