Pendant ces temps de canicule qui n'a pas souhaité installer une climatisation dans son appartement pour disposer d'un peu de fraicheur ? Oui bien sûr ! Mais c'est une solution qui aggrave le mal du point de vue collectif.
L’air conditionné met déjà sous pression le réseau de nombreux pays. Ces besoins vont tripler en trente ans, alerte l’AIE. La tentation est grande de s'équiper d'un système de climatisation. Or, c'est le début d'un cercle vicieux : les climatiseurs rejettent la chaleur vers l'extérieur : la température augmente ainsi dans les villes, parfois il y fait jusqu'à 2 degrés plus chaud en raison de l'air chaud rejeté. En plus, ces appareils consomment énormément d'électricité. Et qui dit consommation électrique dit réchauffement de la planète.
L’électricité est aujourd'hui surtout produite par du gaz et du charbon au niveau mondial, et ce sont deux énergies fossiles qui émettent beaucoup de gaz à effets de serre et qui font donc grimper la température de la planète.
Récemment, l'Agence internationale de l'énergie a ainsi lancé un cri d’alarme : selon l'organisation, le nombre de climatiseurs devrait tripler dans le monde d'ici à 2050 pour atteindre 5,6 milliards d'appareils. Bien sûr, la consommation d'énergie pour faire tourner ces équipements risque d'être elle aussi multipliée par trois.
Plusieurs technologies moins nocives pour la planète existent pourtant : celles qui fonctionnent sans utiliser de fluides frigorigènes qui sont très polluants, et d'autres qui utilisent des fluides à faible potentiel de réchauffement. Certains se souviennent aussi de méthodes ancestrales comme les puits canadiens. Ces puits rafraîchissent l'air en le faisant passer par le sous-sol.
Subir 35 degrés dans son salon n'est donc pas une fatalité, les solutions sont là, mais elles demandent certainement un peu de réflexion pour ne pas recourir à n'importe quel appareil pourvu qu'il diffuse de l'air frais.
À travers le monde, de nombreux ingénieurs, architectes et urbanistes réfléchissent à d'autres moyens de rafraîchir l'air des habitations, et plus largement des villes. En Californie, les façades des immeubles sont recouvertes de peinture claire pour réfléchir la lumière. En Chine, il existe des couloirs à air frais, qui amènent la fraîcheur des collines environnantes au cœur des villes, détaille Le Parisien.
"Plus on climatise dans les bâtiments, plus on réchauffe l'air extérieur", note Aude Lemonsu, chargée de recherche CNRS au centre de recherche de Météo France. Ce qui entretient le cercle vicieux des "bulles de chaleur" en ville. "Dans certaines villes comme Tokyo, la chaleur a augmenté d'un à deux degrés", confirme Valéry Masson, responsable de l'équipe de recherche en climat urbain chez Météo France, au Parisien.