La composition de l’équipe championne du monde de football ne cesse d’animer les controverses en passant de la négation de leur identité personnelle à des relents troublants de racisme.
« Je suis tellement heureux ! L'Afrique a gagné la Coupe du monde ! » : la blague de Trevor Noah, l’animateur sud-africain du Daily Show, émission satirique américaine, est une preuve de stupidité dont l'Amérique de Trump est malheureusement touchée actuellement. Sur le plateau de son célèbre show, lundi 17 juillet, le comique engagé ajoute, pendant la diffusion d'une photo des onze joueurs champions du monde : « Je sais, je sais, il faut dire que c'est l'équipe de France. Mais regardez ces gars, hein ? Vous n'atteignez pas ce bronzage même si vous vous promenez dans le sud de la France. La France est devenue l'équipe de rechange de l'Afrique, une fois que le Nigeria et le Sénégal ont été éliminés ».
L'ambassadeur de France à Washington, Gérard Araud, lui a sèchement répondu mercredi dans une lettre que «rien ne pourrait être plus éloigné de la réalité». «Les origines riches et variées de ces joueurs sont le reflet de la diversité de la France«, a écrit M. Araud dans cette missive également publiée par l'ambassade sur Twitter. «Contrairement aux Etats-Unis, la France ne se réfère pas à ses citoyens en fonction de leur race, de leur religion ou de leur origine». «Pour nous, il n'y a pas d'identité avec des traits d'union, les racines sont une réalité individuelle», a poursuivi l'ambassadeur. «En les qualifiant d'équipe africaine, il semble que vous niiez leur identité française». «Même sous forme de plaisanterie, cela légitime l'idéologie qui revendique le fait d'être blanc comme la seule définition de l'identité française».
Le basketteur français Nicolas Batum, qui évolue au sein de la NBA américaine, a vivement réagi au sketch de Trevor Noah : « Oui, j’ai un père et un nom camerounais, mais nous tous, on se bat et on joue pour la France car nous sommes nés ici, avons grandi ici, avons appris notre sport en France, avons la fierté d’avoir la nationalité française ».
Avant même la tirade de Trevor Noah, le président vénézuélien, Nicolás Maduro, celui que Mélanchon soutient stupidement, avait aussi provoqué la colère française en déclarant : « L'équipe de France ressemblait à l'équipe d'Afrique, en vrai, c'est l'Afrique qui a gagné, les immigrants africains qui sont arrivés en France (...) L'Afrique a tellement été méprisée et dans ce Mondial, la France gagne grâce aux joueur africains ou fils d'Africains ». Un député français a même déclaré qu’il allait déposer plainte contre Maduro !
Des médias français se sont, par ailleurs, inquiétés des relents racistes dans certains titres de la presse internationale. Ainsi, le quotidien Ouest-France, cite le journal barcelonais Sport qui parle de « la merveilleuse impureté de la sélection française », ou encore le quotidien italien Corriere della Sera commente : « Une équipe pleine de champions africains mélangés à de très bons joueurs blancs face à une équipe seulement composée de blancs d’un pays au centre de trois grandes écoles de football, slave, allemande et italienne ».
« Cette équipe de France ‘’africaine’’ est celle d’un pays qui a eu un empire colonial sur le continent africain, et qui a gardé des liens étroits avec les ex-pays colonisés », rappelle le chercheur Pascal Boniface, spécialiste de la géopolitique du football, dans un entretien. « Elle est le reflet d’une histoire avant d’être aujourd’hui le miroir des banlieues et des cités, comme on l’a beaucoup écrit ».
Le 17 juillet, comme pour répondre indirectement aux polémiques, l’ancien président américain Barack Obama, a mis la balle au centre lors des festivités du centenaire de Nelson Mandela à Johannesburg. « Ce qui était vrai à l'époque l'est toujours aujourd'hui. (...) On se voit dans l'autre, on partage des espoirs et des rêves communs. C'est une vérité incompatible avec toute forme de discrimination basée sur la race, la religion ou le sexe (…) Regardez l'équipe de France qui vient de remporter la Coupe du monde. Tous ces mecs ne ressemblent pas, selon moi, à des Gaulois. Ils sont Français, ils sont Français ! »