
Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a publié un communiqué, le 26 mars 2025, alertant sur la stigmatisation croissante des femmes portant le voile en France. Selon l'organisation, ces citoyennes deviennent des cibles faciles, victimes d'un discours qui les accuse tantôt de communautarisme, tantôt d'un asservissement supposé. Dans tous les cas, leurs libertés fondamentales sont remises en question.
Une campagne permanente et stigmatisante
Le CFCM dénonce une campagne persistante qui alimente les tensions sociales et fragilise la cohésion nationale. Cette stigmatisation expose ces femmes à des formes croissantes d'insécurité, d'agressions verbales et physiques, alors qu'elles devraient être protégées par la République. Loin de nier l'existence de pressions exercées sur certaines femmes pour porter le voile, l'organisation rappelle qu'elle s'est toujours opposée à toute imposition vestimentaire. Cependant, elle refuse également toute dérive qui, sous couvert d'émancipation ou de laïcité, impose un regard condescendant et paternaliste sur celles qui font ce choix en toute liberté.
La laïcité, un principe d'égalité malmené
L'organisation cite le Secrétaire général de l'ONU, rappelant que dans certains pays, les femmes sont punies pour porter trop de vêtement, et dans d'autres, pour ne pas en porter assez. De même, le CFCM fait référence à Aristide Briand, rapporteur de la loi de 1905, qui déclarait que le port de la soutane devait être considéré comme un vêtement comme un autre, illustrant ainsi une application neutre de la laïcité.
L'organisation rappelle que les agents de la fonction publique sont soumis à la neutralité religieuse, mais que cette obligation ne concerne pas les usagers des services publics. La majorité des musulmans de France a toujours accepté cette distinction inscrite dans la loi. Toutefois, le CFCM critique les tentatives répétées de légiférer pour effacer la visibilité religieuse d'une seule catégorie de la population, ce qui va à l'encontre du principe d'égalité et de la laïcité elle-même.
Un climat de suspicion
Le CFCM dénonce également l'ambiguïté qui entoure des termes comme "entrismes" ou "islamisme", lesquels nourrissent un climat de suspicion généralisée envers les citoyens musulmans. Cette dérive se traduit par des polémiques absurdes, allant du port du voile dans le sport à la rupture du jeûne pendant un match, en passant par des accusations aussi délirantes que la "pénurie d'œufs due au Ramadan".
Un appel à la raison et au respect des libertés
Face à cette instrumentalisation politique et médiatique, le CFCM appelle à la raison et au respect des principes fondamentaux de la République. Il rappelle que la laïcité ne saurait être un prétexte pour restreindre les libertés individuelles, en particulier celles des femmes. L'organisation insiste sur l'importance de préserver la cohésion nationale, la sécurité et l'intégrité de toutes et tous, indépendamment de leurs choix de vie.