Maglor - En 2023, la France a marqué un tournant dans son histoire migratoire en accordant un nombre record de titres de séjour, délivrant ainsi 323 260 autorisations, soit une augmentation de 1,4 % par rapport à l'année précédente. Ces données ont été révélées dans le rapport annuel sur l'immigration, publié récemment par le ministère de l'Intérieur.
Le rapport met en lumière une tendance notable, avec un tiers de ces titres attribués à des ressortissants du Maghreb, en particulier du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie. Les différentes catégories de titres de séjour délivrés sont analysées, soulignant que la majorité a été accordée à des étudiants, avec 103 500 titres, un chiffre relativement stable par rapport à l'année précédente.
Cependant, des évolutions significatives ont été observées dans d'autres catégories, avec une baisse de 5 % des titres de séjour pour raisons familiales, atteignant 91 000, et une augmentation de 5 % des titres pour raisons économiques, s'élevant à 54 630.
Le rapport révèle également que 34 400 personnes en situation irrégulière ont été régularisées, dont 11 411 travailleurs sans papiers, bénéficiant des dispositions de la nouvelle loi sur l'immigration adoptée en décembre.
Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a commenté ces chiffres sur les réseaux sociaux, mettant en avant une "augmentation très significative des expulsions", dépassant les 17 000, soit une hausse de 10 % par rapport à 2022. Il attribue cette augmentation à la reprise de la coopération consulaire avec l'Algérie, qui représente le pays d'origine de la plus grande partie des personnes expulsées.
Parmi les autres données notables, le rapport mentionne une baisse de 22 % des personnes ayant acquis la nationalité française en 2023, atteignant 61 640. Cette baisse est expliquée par un niveau requis plus élevé de maîtrise du français depuis 2020.
En ce qui concerne les demandes d'asile, la France a enregistré 145 522 demandes, une augmentation de 6 %. Bien que ce chiffre soit en hausse, il reste nettement inférieur à la moyenne européenne et à celui de l'Allemagne, qui a connu une augmentation de 51 %.
Ces données ont été rendues publiques peu de temps avant la décision très attendue du Conseil constitutionnel sur le projet de loi controversé sur l'immigration, suscitant des réactions diverses dans l'opinion publique et la classe politique. Certains soulignent l'importance des expulsions et la nécessité d'une régulation stricte, tandis que d'autres critiquent la politique gouvernementale, la jugeant discriminatoire et inhumaine.
Ces débats soulignent la complexité de la question de l'immigration maghrébine en France, mettant en jeu des enjeux identitaires, sociaux, économiques et politiques. Ils appellent à une réflexion approfondie et à un dialogue constructif sur le rôle et la place des Maghrébins dans la société française.