Des dizaines de milliers de personnes ont envahi le centre de Berlin samedi pour protester contre la haine et le racisme après les récents dérapages xénophobes dans l'est de l'Allemagne et la montée politique de l'extrême droite.
(AFP) - Quelque 242 000 manifestants ont répondu présent, a annoncé le collectif Unteilbar (« indivisible »), qui disait plutôt s’attendre à 40 000 participants. La police berlinoise n'a pas donné de chiffres précis, parlant simplement de « quelques dizaines de milliers ».
« Dites-le fort, dites-le clairement, nous sommes tous indivisibles! », ont scandé les participants en défilant au cœur de la capitale sous un soleil radieux et par des températures estivales, avant de rejoindre l'emblématique porte de Brandebourg, où une scène avait été montée.
Des célébrités de la scène musicale allemande devaient offrir des prestations jusqu'en début de soirée. Elles seront entrecoupées de discours de responsables de multiples organisations non gouvernementales (ONG).
Quelque 900 membres des forces de l'ordre encadraient l'événement, qui s'est déroulé sans incident, a ajouté la police en fin d'après-midi.
Montée de l’extrême droite
Fin août, une manifestation de sympathisants d'extrême droite avait dégénéré en « chasse à l'étranger » dans les rues de Chemnitz, un peu après le meurtre d'un Allemand attribué à un réfugié. Certains avaient défilé en faisant le salut hitlérien.
« Pas de place pour les nazis », « le sauvetage en mer n'est pas un crime » et « plus d'amour, moins de haine » figuraient notamment sur les pancartes.
Le collectif Unteilbar est composé de diverses ONG, d’artistes et de personnes privées. Des milliers de personnes avaient déjà manifesté dans les rues de Hambourg et de Munich ces dernières semaines. Des syndicats et des organisations religieuses et caritatives se sont aussi joints à la protestation.
Derrière le mot d'ordre « Pour une société libre et ouverte – contre l'exclusion, solidarité! », il s'agissait de protester en particulier contre le racisme véhiculé par l'extrême droite, qui est entrée il y a un an à la Chambre des députés.
L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) a bâti son succès en nourrissant les craintes des Allemands après l'afflux de plus d'un million de réfugiés en 2015 et en 2016 dans le pays.
Le parti pourrait réussir une percée en Bavière dans le cadre des élections régionales de dimanche.
Contre la discrimination
Les organisateurs voulaient aussi protester contre la discrimination sous toutes ses formes, la mort des réfugiés en mer Méditerranée, la montée des inégalités et les atteintes portées à l'État social.
Des responsables politiques – essentiellement de gauche – ont également soutenu l'initiative, comme le populaire ministre des Affaires étrangères Heiko Maas.
« Nous sommes colorés, nous sommes indivisibles. Nous le montrons aujourd'hui à tous ceux qui veulent nous diviser », avait publié le social-démocrate sur son compte Twitter.