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«Où va la France ?» : Macron défend son bilan et n'exclut pas sa candidature

«Où va la France ?» : Macron défend son bilan et n'exclut pas sa candidature

A quatre mois du premier tour de l’élection présidentielle 2022, en pleine cinquième vague du Covid  en France et à quelques jours des fêtes de fin d’année, le président français Emmanuel Macron a accordé un long entretien-bilan à TF1 et LCI. Une interview intitulée "Où va la France?", enregistrée dans les conditions du direct.

(Avec AFP) - Si le président français ne s'est toujours pas déclaré candidat à la prochaine élection présidentielle, il a confié qu'il avait "de l'ambition pour le pays, les Françaises et les Français au-delà du mois d'avril prochain". Interrogé sur la question, il a botté en touche, estimant que le moment n'était pas venu d'annoncer sa candidature : "Oui, j'ai de l'ambition pour notre pays, l'envie de faire, mais le moment où nous nous parlons est un moment où je dois encore assumer la responsabilité qui est la mienne, l'assumer dans la fonction qui est celle de président de la République."

Interrogé sur l'éventualité d'une obligation vaccinale, M. Macron a expliqué que le pass sanitaire a déjà institué "quasiment une obligation vaccinale". "On en est quasiment là", a-t-il répété, "quand plus de 90% de ceux qui devaient se faire vacciner se sont fait vacciner".

Quant à la vaccination des enfants, il a assuré qu'"il n'y a pas d'obligation" à vacciner ses enfants.

"Entre 5 et 11 ans, les autorités sanitaires ont expliqué que cela protégerait", a-t-il dit sur TF1, "et donc je pense que c'est souhaitable", mais "après, c'est le choix de parents". 

Les enfants "ont rarement des formes graves même si ces dernières semaines, on a eu plusieurs dizaines de cas d'enfants, parfois jeunes, qui sont à l'hôpital avec des formes graves", a-t-il précisé. 

"Celui qui dicte le rythme, c'est le virus" a affirmé le président français. Emmanuel Macron pense que beaucoup de gens seront hospitalisés pendant la période des fêtes, et a invité tout le monde à prendre rendez-vous pour une vaccination de rappel. Il a appelé ainsi "à la responsabilité" ceux qui ne se sont pas encore fait vacciner.

"Beaucoup de nos compatriotes sont fatigués de cette situation" a-t-il reconnu, "je suis comme vous". Mais il s'est défendu d'avoir instauré en raisons de l'épidémie une "société de contrôle permanent", et préféré parler d'une "société de vigilance" ou de "responsabilité". 

Le pass restera provisoire, a-t-il aussi assuré : "c'est évident puisque je ne pense pas qu’on aille pour toute éternité avec ce virus".

M. Macron est aussi revenu sur l'épisode des masques au début de la crise du Covid-19 et particulièrement le stock insuffisant pour répondre aux besoins. "Il y avait une tradition de stockage des masques, nous nous disions que nous en aurions toujours, car ils viennent en 24 heures" depuis l'Asie, a rappelé Emmanuel Macron.

Pour le chef de l'Etat, la pénurie de masques a révélé "notre seconde vulnérabilité, après celle du vivant" : celle induite par la mondialisation.

 "Pas la loi de la jungle"

Le chef de l'Etat, élu en 2017 avec la promesse de dépasser le clivage droite-gauche, explique que son projet était bâti sur "le triptyque libérer/protéger/ unifier". "Je ne crois pas dans la sauvagerie, je ne suis pas pour la loi de la jungle! Je suis pour la responsabilité, le mérite, mais également l’entraide et la solidarité lorsque les coups durs sont là", détaille-t-il.

Emmanuel Macron justifie ainsi le "quoi qu'il en coûte" mis en place en 2020 après l'explosion de la pandémie. Cette politique a été possible "parce que nous avions une crédibilité, une solidité, liées aux réformes du marché du travail, à l’attractivité rebâtie".

Stoppée par la crise sanitaire, la réforme des retraite devra être relancée, a-t-il jugé, mais en allant "vers un système simplifié" avec "grosso modo trois grands régimes", pour la fonction publique, pour les salariés du privé et pour les indépendants. Il a reconnu que les faire passer de 42 à un seul, comme il en avait l'intention initialement, était "trop anxiogène".

M. Macron a vigoureusement rejeté l'image de "président des riches" qui lui colle à la peau, affirmant être au contraire un président qui "protège" et "unifie".

Par ailleurs, Emmanuel Macron est revenu sur ses propos les plus mal perçus, comme "ceux qui ne sont rien" ou le travail qu'on trouverait "en traversant la rue". Il a reconnu avoir "blessé des gens", en cherchant à "bousculer les choses".

Le président de la République a également été interrogé sur le sujet de l'immigration, un thême central aux débats de la campagne. « Je ne crois pas au grand remplacement, ça n'existe pas », a-t-il martelé. Concernant la laïcité : « Ce n’est pas l’effacement des religions, ce n’est le combat contre telle ou telle religion. C’est faux. C’est le respect de la dignité de chacun ».

Cette émission intitulée "Où va la France?", enregistrée dimanche dans la salle des fêtes de l'Elysée, a mis en fureur adversaires et partisans du président à moins de quatre mois de la présidentielle. L'opposition a dénoncé une atteinte à l'"équité" du temps de parole tandis que la majorité défendait le droit du président à s'expliquer face aux Français.

Plusieurs prétendants à l'Elysée ont fait appel à l'arbitre, en saisissant le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

Réagissant à chaud, le socialiste Boris Vallaud a déclaré voir dans cette émission un "confessionnal à ciel ouvert et pas une idée neuve".

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