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Paris poubelle : un risque sanitaire préoccupant

Paris poubelle : un risque sanitaire préoccupant

Les syndicats ont transformé Paris en une vaste poubelle à ciel ouvert, sans même qu'ils se soucient de la santé des Parisiens.

(AFP) - La capitale nage dans une mer d’ordures qui va continuer de monter. Ce mardi, les éboueurs ont voté la prolongation de la grève à Paris jusqu’au lundi 20 mars prochain. En prime, l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine restera, lui aussi, bloqué. Autant dire que les Parisiens risquent de ne bientôt plus avoir pied.

Déjà soucieux du devenir de leurs poubelles, particuliers comme commerçants commencent à s’inquiéter des conséquences sanitaires de l’accumulation des déchets, plus de 6.600 tonnes recensées ce mardi, dans les rues et sur les trottoirs de la ville.

La salubrité, « priorité absolue » de la Mairie de Paris

A ce sujet, la municipalité s’est montrée déterminée lundi soir lors d’un point presse sur le sujet. « La salubrité est notre priorité absolue », a seriné Colombe Brossel, adjointe à la maire de Paris en charge de la propreté de l’espace public, du tri et de la réduction des déchets. Pour cela, l’élue a énoncé une série de mesures d’urgence comme les nettoyages systématiques après chaque marché alimentaire, en particulier le week-end.

La Mairie de Paris promet également le déploiement de conteneurs et de caissons en fer afin de limiter au maximum de laisser les déchets au sol, en particulier les sacs-poubelle susceptibles de contenir des denrées alimentaires. Des « mesures palliatives », maigres digues face à une inexorable montée des ordures. Si Colombe Brossel s’est voulue rassurante « tant que les sacs-poubelle sont bien fermés », le risque sanitaire semble bien réel.

Un risque « préoccupant »

« Il ne faut pas minimiser les risques microbiologiques, assure Romain Lasseur, docteur en toxicologie animale, l’odeur même qui s’en dégage traduit une colonisation des poubelles par les bactéries. » Selon le scientifique, le risque est même « préoccupant ».

Le plus grand risque, bien sûr, vient des rats, chers compagnons de ville qui prolifèrent dans nos sous-sols. Selon Romain Lasseur, penser que les sacs fermés vont les arrêter est une hérésie. Opportuniste et envahissant, si le rongeur sent de la nourriture, il sort et s’y attaque : « C’est un animal qui sectionne des câbles électriques. Alors un sac-poubelle ne lui fait pas peur. »

Prolifération de rats et leptospirose

Et les rats peuvent transporter avec eux un bon nombre de parasites et de maladies. La plus à craindre selon l’expert est la leptospirose. Aussi surnommée maladie de l’égoutier pour sa faculté à se répandre dans les milieux humides, il s’agit d’une maladie bactérienne bien connue des éboueurs et transmise à l’homme par certains mammifères.

Selon le site Internet leptospirose-prévention, Les bactéries nommées « leptospires » sont « principalement stockées dans les reins des animaux contaminés puis dans leur urine. Elles contaminent ensuite leur pelage et leur environnement ».

« C’est une maladie qui peut être mortelle. Sur les 700 cas constatés par an en France, près de 10 % mènent à un décès », s’alarme Romain Lasseur. Surtout, il s’agit d’une bactérie résistante. Selon l’expert, en milieu humide, elle peut rester active pendant près de six mois.

Les déchets alimentaires, cause principale de risques

D’autres maladies telles que la salmonellose, des vers, la teigne ou des hantavirus peuvent être transmises par les rats. Pas seulement par les morsures mais par simple contact ou lorsque de la nourriture est souillée par de la salive, de l’urine ou des excréments du rat.

Aussi, avec l’accumulation de déchets alimentaires dans nos rues, la prolifération des rats pourrait devenir très problématique : « Si les femelles sont bien nourries, on va constater un pic de population dans trois à quatre semaines », alerte le scientifique.

Même l’Agence régionale de santé (ARS), contactée par 20 Minutes, appelle à la prudence : « Si les précédentes expériences n’ont pas semblé entraîner d’épidémie ou de danger imminent pour la santé publique, il reste nécessaire, comme pour toute situation exceptionnelle, de renforcer la surveillance sanitaire. » Aussi, l’ARS annonce accroître son niveau de vigilance, à l’affût de toute « augmentation inhabituelle des pathologies possiblement liées à la situation ».

Ainsi pour limiter les risques, il est fortement d’éviter tout contact avec des éléments qui pourraient être souillés et de se laver les mains le plus souvent possible. Par ailleurs, même s’ils deviennent difficiles à éviter, mieux vaut tenir éloigner les enfants, mais aussi les chiens, chats et tous animaux domestiques des sacs-poubelle qui jonchent les rues. De manière préventive, et autant que possible, mieux vaut garder les déchets alimentaires chez soi, et bien emballés, le plus longtemps possible.

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