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Procès du financement libyen : Thierry Gaubert en difficulté face aux juges

Thierry Gaubert

Le procès des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 se poursuit avec l'audition de Thierry Gaubert, un proche de l’ancien président. Devant les juges, l’accusé peine à justifier l’origine et l’usage de sommes importantes ayant transité par son compte.

440 000 euros venus de Libye

L’enquête du Parquet national financier (PNF) a mis en lumière un virement suspect de 440 000 euros reçu en février 2006 sur le compte "Cactus" de Thierry Gaubert. Ce transfert proviendrait indirectement de fonds libyens, via une société liée à l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, qui s’était rendu à deux reprises à Tripoli à la même période.

Face aux juges, Gaubert reste flou sur l’origine exacte de cet argent. "Je cherche la logique de ce flux de 440 000 euros pour des travaux dans une maison en Colombie, mais pour l'instant, je ne la perçois pas", rétorque la présidente du tribunal, sceptique face à ses explications.

Des retraits en espèces troublants

Autre point d’interrogation : les 80 000 à 100 000 euros retirés en espèces chaque année entre 2006 et 2007, via une carte prépayée. L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy assure qu’il s’agissait de dépenses personnelles, une version toutefois contredite par son ex-femme lors de l’instruction.

Ces retraits massifs coïncident avec des événements-clés relevés par le PNF, notamment une rencontre en décembre 2005 entre l’ex-ministre Brice Hortefeux et Abdallah Senoussi, alors chef du renseignement militaire libyen et beau-frère de Mouammar Kadhafi. Quelques semaines plus tard, en janvier 2006, Gaubert inscrit dans son agenda électronique une mention lourde de sens : "NS campagne".

Un financement occulte de la campagne Sarkozy ?

Les procureurs cherchent à établir un lien direct entre ces flux financiers et la campagne présidentielle de 2007. "Pour quelle raison vous avez touché cette somme de 440 000 euros, qui provient indirectement des fonds libyens ?", interroge l’un d’eux. Gaubert tente de se défendre : "Trouvez-moi une seule ligne de sortie qui serait susceptible d'alimenter la campagne !", mais peine à convaincre.

Alors que le procès se poursuit, le tribunal s’attarde désormais sur les responsabilités de chacun dans ce qui pourrait être l’un des plus grands scandales politico-financiers de la Vᵉ République. Les débats reprendront lundi, avec en ligne de mire une possible condamnation pouvant aller jusqu’à dix ans de prison pour les prévenus.

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