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Sable du Sahara radioactif dans le ciel français : retour à l’envoyeur ?

Sable du Sahara radioactif dans le ciel de Lyon

Du césium-137 a été détecté dans les sables apportés par les vents du sud sur la France au début du mois de février. Une radioactivité attribuée aux essais nucléaires français dans le Sahara, il y a soixante ans.

Les épisodes de vents du sud transportant du sable venu d’Afrique ne sont pas rares. Mais ils ont été particulièrement marqués ce mois-ci. Dans l’Ouest de la France, cette semaine, et dans l’Est, quinze jours plus tôt. C’est là qu’un scientifique a eu l’idée d’effectuer des prélèvements pour analyser la radioactivité de ces sables et poussières. Verdict : du césium-137 en quantité réduite mais supérieure à la normale.

Pourquoi ces ciels orangés ?

Lorsque les vents du sud, chauds et violents, traversent le désert du Sahara, ils soulèvent des particules de sables et de limons qui, lorsque les conditions météorologiques s’y prêtent, peuvent traverser la Méditerranée et teinter d’ocre le ciel du sud de la France.

Parfois même ces vents chauds et poussiéreux apportent leur douceur plus au nord, comme ce fut le cas au cours de la semaine passée dans l’Ouest, et au début du mois dans l’Est. Cette fois-ci, au moins, ils ont aussi apporté une radioactivité anormale.

Comment a-t-on détecté une radioactivité ?

L’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro) a analysé des échantillons recueillis sur la carrosserie d’une voiture, le 6 février, dans le Jura. Pour Pierre Barbey, conseiller scientifique de l’association et auteur des prélèvements, « le résultat est sans appel : du césium-137 est clairement identifié ».

La radioactivité associée, estimée à 80 000 becquerels par kilomètre carré, est très faible et sans aucun danger mais elle témoigne d’une activité nucléaire artificielle.

Qu’est-ce que le césium-137 ?

Ce radioélément n’est pas présent à l’état naturel dans les roches sahariennes. « C’est un produit issu de la fission nucléaire mise en jeu lors d’explosions »​, indique l’Acro, dans son communiqué du 24 février. C’est pourquoi il est utilisé comme indicateur des retombées des essais ou des accidents nucléaires.

Producteur de rayons gamma, il peut servir de source radioactive pour des applications industrielles (mesure de densité par exemple). Et bien sûr, à forte dose, il est dangereux pour la santé humaine.

Faut-il incriminer l’essai Gerboise bleue ?

Ce césium-137 « nous rappelle la situation de contamination radioactive pérenne dans le Sahara dont la France porte la responsabilité »​, estime Pierre Barbey.

En effet, le premier essai nucléaire français a eu lieu le 13 février 1960 dans le Sahara algérien. Baptisé Gerboise bleue, il a fait de la France la quatrième puissance nucléaire. Il sera suivi de trois autres explosions aériennes dans la région de Reggane et treize essais souterrains à In Ekker, avant que les tests soient transférés au Centre d’essais du Pacifique, à Mururoa (Polynésie française), en 1966.

Le Sahara toujours contaminé ?

C’est en tout cas l’avis du général Bouzid Boufrioua, qui, hasard du calendrier, écrivait dans une revue algérienne, le 7 février, que la France doit « assumer ses responsabilités historiques » et « décontaminer » les sites des essais nucléaires. Il reproche à l’ancienne métropole de « persister dans son refus de livrer les cartes révélant la localisation de ses restes nucléaires ».

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