Dans un communiqué reçu pour publication, Le CFCM dénonce les sondages jugés discutables qui stigmatisent les musulmans en créant des polémiques déconnectées de la réalité. Il critique notamment un sondage de l'Ifop sur le conflit Israël-Hamas, soulignant des questions biaisées. De plus, une enquête sur la laïcité aurait été mal interprétée, donnant une vision erronée des opinions des musulmans français. Le CFCM affirme que les musulmans sont attachés aux valeurs républicaines, y compris la laïcité, et souhaitent que leur pratique religieuse soit perçue comme une liberté individuelle, sans être constamment débattue et sondée.
Ci-dessous, le communiqué dans sa version originale :
Le CFCM déplore que les musulmans de France soient sans cesse stigmatisés à travers des sondages discutables sur le fond et sur la forme.
Loin de refléter objectivement la situation présente, certains sondages créent et alimentent des polémiques stériles et déconnectées de la réalité sur le terrain. À des questions biaisées et orientées, les réponses des personnes sondées peuvent s’écarter complètement de leurs propres opinions et à forte raison des opinions de l’ensemble des Français musulmans.
Le dernier sondage de l’Ifop sur « Quels regards les Français musulmans portent-ils sur le conflit entre Israël et le Hamas ? » n’y fait pas exception. Les Français musulmans comme la majorité de nos concitoyens considèrent qu’il ne s’agit pas d’une « guerre entre Israël et le Hamas », mais essentiellement d'un massacre dirigé contre des civils innocents. Dès lors, les questions et les réponses de cette étude se trouvent complètement biaisées.
Est-il aussi concevable qu’une étude semblable soit réalisée uniquement auprès de nos compatriotes de confession juive et le regard qu’ils portent sur ce conflit ? Et sur ce qu’ils pensent des exactions de l’armée d’Israël contre les femmes et les enfants de Gaza et des colons extrémistes contre les palestiniens de Cisjordanie ?
Pourquoi nos compatriotes chrétiens ne font pas l’objet de tels sondages ou n'y sont pas inclus ? Pourtant des centaines de chrétiens dont une majorité de femmes et d’enfants ont été également tués dans des bombardements notamment d’églises et d’hôpitaux de Gaza.
Une autre enquête réalisée par l’Ifop pour le compte du site elmaniya.tv sur le rapport des Français musulmans à la laïcité, a été publiée le 8 décembre 2023. Selon cette enquête : « pour 78% des Français de confession musulmane, la laïcité "telle qu'elle est appliquée" est discriminatoire. La chaîne Cnews titrera sans scrupule : « 78 % des musulmans considèrent que la laïcité française est islamophobe ».
En réalité, l’étude a été réalisée sur fond de polémiques très médiatisées sur le port de l’«abaya ». Ce pourcentage ne reflète donc pas l’opinion des personnes sondées et encore moins celle des Français musulmans sur le principe de la laïcité. Il ne fait que traduire leur exacerbation face à ces polémiques.
En effet, le sondage lui-même indique que sur deux sujets au cœur de la laïcité - séparer les religions et les institutions de la République et assurer la liberté de conscience- la vision des personnes « musulmanes » est identique à celle de l’ensemble des Français. Aux questions biaisées, s’ajoute donc la manipulation des réponses et la désinformation.
Les musulmans de France sont profondément attachés aux valeurs de la République : la liberté, l'égalité, la fraternité, mais également le principe de laïcité. Une laïcité qui n'est pas la négation des convictions religieuses, une laïcité qui garantit la liberté de croire comme celle de ne pas croire, une laïcité qui permet à tous les citoyens de pratiquer le culte de leur choix dans le respect de l'ordre public.
Ils souhaitent que leur pratique religieuse soit perçue comme un élément de leur liberté individuelle, dans l'indifférence et la banalisation, comme tous leurs concitoyens, de quelque confession ou conviction que ce soit. Ils refusent que cette pratique soit une source permanente de débats publics et fasse l’objet de sondages incessants avec leurs lots de manipulations et de stigmatisations.
Paris, le 20 décembre 2023
Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM)