
Quand Taha Bouhafs a annoncé hier le retrait de sa candidature aux législatives, des sympathisants de La France Insoumise LFI ont crié au scandale et ont accusé la "meute" qui s'est acharnée contre lui. Sauf qu'ils se sont une fois de plus trompés. Car la "meute" en question n'est rien d'autre que leur propre parti et son chef suprême, Jean-Luc Mélenchon.
Initialement, Taha Bouhafs avait lui même présenté les raisons de son renoncement à une candidature aux élections législatives, dans la 14e circonscription du Rhône, à Vénissieux. Le militant antiraciste et journaliste de 25 ans, investi par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), estimait être la cible d’une campagne de dénigrement et de harcèlement sur les réseaux sociaux, avait décidé de jeter l’éponge.
Dans la nuit du 9 au 10 mai, dans le communiqué qui annonçait le retrait de sa candidature, il détaillait : « Tous les jours, une nouvelle calomnie, une nouvelle insulte, une nouvelle menace de mort, une nouvelle accusation. (…) J’aurais aimé tenir bon… (…) Continuez à vous battre. Pour ma part, j’ai essayé mais je n’y arrive plus. »
Mais tout cela n'était que du cinéma. La vérité, bien triste, est arrivée quelques heures plus tard.
Violences sexuelles et sexistes
Selon une information révélée par BFM-TV et Mediapart, c’est un motif d’une tout autre nature qui a précipité le renoncement de Taha Bouhafs. Le comité de suivi contre les violences sexuelles et sexistes de La France insoumise (LFI) a été saisi, samedi 7 mai, d’un « témoignage relatant des faits supposés de violences sexuelles reprochées à Taha Bouhafs », selon un communiqué publié par LFI, mercredi 11 mai. Le parti « insoumis » ajoute que Taha Bouhafs a été « confronté aux accusations dont il faisait l’objet ce lundi 9 mai » et que l’intéressé a retiré sa candidature « de lui-même », « avant même la fin de notre procédure interne ».
Le parti de Jean-Luc Mélenchon mis à mal explique qu'un signalement a été envoyé à sa cellule de suivi contre les violences sexistes et sexuelles, samedi. La militante féministe Caroline De Haas, membre du Parlement de l'Union populaire (créé par La France insoumise avant la présidentielle pour soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon) confirme à franceinfo avoir elle-même "alerté la direction de LFI aux alentours du 5 ou 6 mai" après avoir reçu le témoignage évoquant des violences psychologiques suivies de faits pouvant être caractérisés de viol.
Caroline De Haas précise avoir transmis un autre signalement s'apparentant plus à des pressions, exercées par le jeune homme, via des messages privés sur Twitter, sur une responsable associative.
Un cadre du parti assure de son côté à franceinfo qu'au total, "quatre signalements" ont été transmis au comité interne, dont un pour violence sexuelle, un pour harcèlement sexiste et un pour agression sexuelle.
Caroline De Haas considère que LFI "a fait ce qu'il fallait faire". "On ne peut pas revendiquer pendant cinq ans qu'Emmanuel Macron n'aurait pas dû nommer Nicolas Hulot ou Gérald Darmanin et ne pas se l'appliquer ensuite à soi-même", ajoute-t-elle, reconnaissant toutefois que "ça arrive dans une période particulière où Taha Bouhafs est exposé à des violences racistes inouïes".
"La dernière goutte" ayant conduit Taha Bouhafs à retirer sa candidature
Dans son communiqué, La France insoumise explique que le jeune militant "a été confronté aux accusations dont il faisait l’objet ce lundi 9 mai" et "qu'il lui a été signifié qu'en raison de la gravité des faits supposés, par principe de précaution, et conformément aux textes définissant les principes du mouvement, La France insoumise pouvait être amenée à ne pas l'investir".
Interrogée par Mediapart, la députée LFI Clémentine Autain a avalé la couleuvre et a confirmé avoir reçu Taha Bouhafs avec sa collègue Mathilde Panot lundi. "Le signalement dont on a pris connaissance samedi est d'une gravité que nous n'avons jamais rencontrée", a-t-elle commenté. "Nous sommes allées voir Taha Bouhafs pour lui dire qu'au regard du signalement, on ne voyait pas bien comment il allait pouvoir être candidat."
L'image de la France insoumise continue de se dégrader.