Certaines rumeurs diffusées sur les réseaux sociaux, relayées par certains médias, font état de mesures qui auraient été mises en place par le ministère français des Solidarités et de la Santé, s’agissant des voyageurs en provenance d’Algérie.
Ces rumeurs évoquent la nécessité pour les voyageurs de présenter « un certificat médical de non contamination par la maladie choléra », en l’absence duquel « une visite médicale payante serait obligatoire à l’arrivée dans les aéroports français ».
L’Ambassade de France en Algérie dément ces rumeurs sans fondement et précise qu’aucune mesure de ce type n’a été mise en place par le ministère des Solidarités et de la Santé.
Gestion chaotique par le gouvernement algérien
Le gouvernement algérien était ce dimanche sous le feu des critiques de médias et des réseaux sociaux concernant sa gestion de l’épidémie de choléra qui a fait deux morts depuis début août. Ce dimanche en Algérie, plusieurs journaux notent qu’il aura fallu près de deux semaines aux autorités pour annoncer la résurgence du choléra dans le pays, où aucun cas n’était signalé depuis 1996 et dont la dernière épidémie d’ampleur remonte à 1986. Selon le dernier bilan officiel, ce dimanche, le diagnostic du choléra a été confirmé chez 49 malades, dont deux sont décédés.
Alors que des dizaines de patients souffrant de diarrhées aiguës étaient hospitalisés depuis le 7 août dans plusieurs régions, le ministère de la Santé et l’Institut Pasteur n’ont admis la responsabilité du vibrion du choléra que le 23 août. Trois jours après avoir publiquement exclu cette hypothèse. « Il paraît clair que les autorités étaient au courant bien avant cette déclaration », affirme le quotidien francophone Liberté, disant être en possession d’une note de huit pages du ministère de la Santé, datée du 22 août et alertant les autorités préfectorales et les structures de santé sur la maladie.
Le média en ligne TSA (Tout sur l’Algérie) indique, citant une source médicale, que « l’Institut Pasteur et le ministère de la Santé étaient au courant de la nature de la maladie au moins dès le lundi 20 août ». Critiqué avec le reste du gouvernement pour son silence depuis le début de la crise, le ministre de la Santé Mokhtar Hasbellaoui a répondu dimanche à ces accusations, après avoir visité un des deux hôpitaux où sont regroupés des malades.
« On ne peut pas annoncer la maladie avant le diagnostic positif, on était dans un cadre de suspicion. Dès qu’on a eu la confirmation on l’a dit », a-t-il expliqué, assurant que son ministère était « actif depuis le premier jour pour mettre en place une stratégie ».
Dénonçant des « dysfonctionnements et des zones d’ombre », TSA s’interroge : « Faut-il 16 jours pour identifier le vibrion cholérique ? » Les hôpitaux algériens « disposent-ils de laboratoires de microbiologie et des outils nécessaires au diagnostic précoce des maladies infectieuses ? Des pathogènes ont-ils été recherchés chez les patients ? Si oui, les résultats de ces analyses ont-ils été cachés ? », poursuit le média en ligne.
Le quotidien El Watan fustige de son côté « une gestion chaotique » de la crise par un gouvernement aux abonnés absents depuis l’apparition de la maladie. « Aucun des ministres concernés par cette situation, à savoir celui de la Santé, de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, ainsi que celui des Ressources en eaux, n’a daigné s’adresser à la population », s’insurge El Watan.
Pénuries d’eau
L’absence et le silence des hauts responsables du pays sont également fortement critiqués sur les réseaux sociaux, certains internautes l’attribuant au refus des ministres d’interrompre leurs congés durant la semaine largement fériée de l’Aïd al-Adha.
Partagés entre colère et ironie, les internautes notent également qu’aucune campagne publique de prévention n’a été lancée et soulignent qu’aucune rubrique n’est dédiée à l’épidémie de choléra sur le site du ministère de la Santé. Certains se plaignent des récurrentes pénuries d’eau alors que les autorités sanitaires appellent la population à se laver les mains plusieurs fois par jour…