C'est la hantise des migrants venus du Mali ou du Niger et installés clandestinement en Algérie. Être arrêtés puis être ramenés à la frontière par des autorités algériennes qui veulent endiguer cette vague de migration.
Plus de 27.000 migrants ont été expulsés ces trois dernières années affirment Alger, mais plusieurs dizaines de milliers sont encore sur le territoire algérien et obligés de se cacher pour travailler. Parmi eux, Hocine et Ibrahim.
Dans ces champs de fraises protégés par des serres, ces deux migrants économiques venus du Mali avancent le dos couté pour ramasser des fruits. Ils sont arrivés, ici, il y a quelques mois dans l'espoir de gagner un peu d'argent, après un long périple à travers le désert malien. "Depuis que nous travaillons ici, les choses se passent bien", affirme Ibrahime Diba. "Le patron est sympa, il nous payent à chaque fin du mois" indique ce migrant venu du Mali.
Peur du lendemain
Le problème c'est surtout que ces migrants sont traqués par les autorités algériennes. Dans la capitale, les "rafles" sont quotidiennes dans les chantiers employant des personnes en situation irrégulière. "On a beaucoup de problèmes. On est un peu découragé avec l'Algérie, là. Les gendarmes, ils contrôlent et ensuite... il y a des problèmes", indique Hocine, un brin désabusé.
Ici, dans l'Ouest du l'Algérie, Hocine et Ibrahim sont un peu plus tranquilles. Mais ils vivent entassés les uns sur les autres et ne savent pas s'ils seront encore là, le lendemain.
Mohamed Negaz, le responsable de l'exploitation estime que ces employés sont un plus. "Nous avons choisi de faire travailler ces migrants africains car ils sont sérieux. Mais de temps en temps la police ou les gendarmes viennent ici et ils les emmenent" souligne t-il.
Une fois arrêtés, direction la frontière. Alger est régulièrement accusé d'expulser de manière arbitraire les migrants. Selon des organisations de défense des droits de l'homme, début mars, plus d'une centaine de personnes ont été abandonné à quelques kilomètres de la frontière et du désert malien.
Des personnes laissées ainsi à la merci des passeurs et des groupes armés qui contrôlent la zone.
par TV5MONDE avec Anthony Fouchard