Une pétition organisée par Reporters sans Frontières (RSF) pour obtenir la libération du patron de presse algérien Ihsane El Kadi, poursuivi et incarcéré notamment pour collecte illégale de fonds, a dépassé samedi les 10 000 signatures.
"La poursuite de la détention arbitraire d’Ihsane El Kadi et la procédure inique dont il fait l’objet sont intolérables. Les voix libres ne doivent pas s’éteindre dans les geôles algériennes", dénonce la pétition sur le site de l'organisation.
M. El Kadi, directeur de la station Radio M et du site d'information Maghreb Emergent, a été placé en détention provisoire le 29 décembre, après quatre jours de garde à vue.
Il est soupçonné "d'avoir reçu des sommes d'argent et des privilèges de la part de personnes et d'organisations dans le pays et à l'étranger afin de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l'Etat et sa stabilité", selon la Cour d'Alger.
Au lendemain de l'interpellation de M. El Kadi, le siège de l'agence Interface Médias, qui édite Radio M et Maghreb Émergent, avait été mis sous scellés et le matériel saisi, selon ces médias.
Début janvier, 16 patrons de presse de divers pays, dont le prix Nobel de la paix Dmitri Mouratov, réunis par RSF, ont appelé à sa libération et à lever les entraves "inadmissibles" visant ses médias.
L'Algérie figure à la 134e place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022.
Soutenez la campagne de Reporters sans frontières (RSF) pour la libération urgente du patron de presse algérien Ihsane El Kadi, qui est maintenu arbitrairement en détention depuis le 24 décembre.
Ihsane El Kadi est un journaliste indépendant, fervent défenseur de la liberté de la presse et directeur de la station algérienne Radio M et du site d’information Maghreb Émergent, deux médias critiques à l’égard du pouvoir en Algérie. Soumis à un véritable harcèlement politico-judiciaire, il fait l’objet d'intimidations croissantes du pouvoir depuis des années : arrestations et poursuites judiciaires. Cette fois, après avoir été convoqué à deux reprises en novembre par les services de sécurité, il est placé en garde à vue le 24 décembre, ses deux médias d’information sont mis sous scellés le lendemain, et il est incarcéré quatre jours plus tard.
Mi-janvier, la justice algérienne a confirmé sa détention dans le cadre d’une enquête pour “collecte illégale de fonds et atteinte présumée à la sûreté de l’État”. Une décision qui a pris de court sa famille, ses proches et son collectif de défense puisque ses défenseurs n’ont pas été informés du changement de date de l’audience d’examen de son appel - prévu initialement le 18 janvier - et n’ont donc pas pu présenter leurs arguments. “C'est une violation du droit de la défense”, déplore un membre du collectif de défense.
L’interpellation d’Ihsane El Kadi a suscité une vague d'indignation et une vaste campagne de soutien internationale, notamment menée par RSF qui a officiellement saisi les Nations unies et initié un appel commun de 16 patrons de médias et de rédactions, dont le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta, prix Nobel de la paix 2021, Dmitri Mouratov.
La poursuite de la détention arbitraire d’Ihsane El Kadi et la procédure inique dont il fait l’objet sont intolérables. Les voix libres ne doivent pas s’éteindre dans les geôles algériennes.
Nous vous demandons de signer de toute urgence cette pétition appelant les autorités algériennes à faire libérer sans attendre Ihsane El Kadi et à abandonner toutes les charges qui pèsent contre lui. #FreeIhsaneElKadi !