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Allocation touristique en Algérie : une avancée historique pour les voyageurs, malgré des zones d’ombre

Maglor- juillet 2025 – Après des années de blocage et de promesses non tenues, l’Algérie vient d’officialiser la mise en œuvre de l’allocation touristique annuelle de 750 euros, une mesure très attendue par les citoyens. Cette décision, qui entre en vigueur dès ce mois de juillet, marque un tournant dans la politique monétaire et de change du pays, jusque-là critiquée pour son manque de souplesse vis-à-vis des devises étrangères.

Une réforme saluée par les citoyens

Jusqu’à récemment, les voyageurs algériens devaient se contenter d’une allocation dérisoire de 15 000 dinars, soit moins de 100 euros par an, une somme symbolique et totalement insuffisante pour les déplacements à l’étranger. Désormais, tout Algérien majeur pourra bénéficier d’un montant de 750 euros par an, à retirer dans les banques agréées, sur présentation d’un titre de voyage valide.

Cette mesure, saluée par de nombreux acteurs économiques, répond à une demande croissante d’accès légal aux devises, dans un contexte marqué par une forte dépréciation du dinar et une flambée des taux sur le marché noir.

« C’est une décision que nous attendions depuis des années. Même si le montant reste modeste, c’est un premier pas vers la normalisation de l’accès aux devises », témoigne un professionnel du tourisme basé à Oran.

Une mise en œuvre progressive… et opaque

Malgré l’annonce officielle, de nombreuses incertitudes entourent encore les modalités d’application. Si plusieurs médias, dont Casbah Tribune et ObservAlgérie, confirment l’entrée en vigueur de la mesure en juillet 2025, la Banque d’Algérie n’a toujours pas communiqué de calendrier précis pour le déblocage des fonds dans les établissements bancaires.

Le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzerd, a reconnu, début juin, que la mise en œuvre dépendait entièrement de la Banque centrale. Une déclaration qui a suscité frustration et colère dans l’opinion publique, notamment chez les voyageurs qui espéraient bénéficier de l’allocation avant la haute saison estivale.

Réduction de la pression sur le marché parallèle ?

L’objectif de cette réforme est également économique et structurel : en offrant un accès régulé à la devise, les autorités espèrent réduire le recours au marché noir, notamment à Alger, autour du fameux Square Port Saïd, devenu un point névralgique de l’échange illégal de devises.

Mais les experts restent prudents. Le montant de 750 euros, bien qu’important pour un pays où l’accès à l’euro est très contrôlé, reste loin des besoins réels des voyageurs, notamment ceux qui partent pour des raisons médicales, universitaires ou professionnelles.

« Si la mesure n’est pas élargie ou assouplie, le marché parallèle continuera à prospérer », explique un économiste algérien sous couvert d’anonymat.

Un enjeu pour le tourisme, mais aussi pour la diaspora

Cette évolution peut également avoir un effet catalyseur sur le secteur du tourisme, en facilitant les échanges et en incitant les Algériens à passer par les canaux officiels pour leurs séjours à l’étranger. Elle ouvre aussi la voie à une possible amélioration des relations avec la diaspora, qui réclame depuis des années une politique plus souple vis-à-vis des flux de devises.

De nombreux Algériens Résidant à l'Étranger (ARE) espèrent que cette mesure servira de levier pour réformer plus largement le système bancaire, moderniser les transferts internationaux, et renforcer la confiance entre les citoyens et les institutions.

 En résumé

🟢 Points positifs🔴 Points à surveiller
Montant revalorisé à 750 euros/anManque de calendrier clair
Soulagement pour les voyageurs réguliersRetard dans la communication officielle
Objectif : réduire le marché parallèleRisque de files d’attente et de surcharge guichets
Relance du tourisme légalAbsence de guichets dédiés dans certaines régions

 

La balle est désormais dans le camp de la Banque d’Algérie, qui doit transformer l’annonce politique en réalité concrète. D’ici là, les voyageurs algériens oscillent entre espoir et incertitude, dans un pays où l’accès à la devise reste un enjeu national majeur.

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