Dans un geste surprenant, le média français privé Cnews, support médiatique d'Eric Zemmour, a annulé à la toute dernière minute une interview dans l’émission «Face à Rioufol» avec le séparatiste algérien et leader du MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), Ferhat Mehenni.
Dans un geste surprenant, le média français privé Cnews, a annulé à la toute dernière minute une interview dans l’émission «Face à Rioufol» avec le séparatiste algérien et leader du MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), Ferhat Mehenni.
Ce dernier devait apparaître à l’écran afin de participer à « une discussion ouverte » avec le journaliste conservateur Ivan Rioufol et Véronique Jacquier.
«C'est la première fois que cela arrive. Invraisemblable. Je pense qu'il y a dû avoir une pression d'Alger» dit le journaliste français. À quoi répond spontanément Ferhat Mehenni, sans apporter la moindre preuve : «C’est l’Elysée… L’Algérie a dû intervenir».
Par ailleurs, Ferhat Mehenni, a pris la parole, aujourd’hui, en rendant public une vidéo d’une vingtaine de minutes, où il commence par remercier la chaîne française de l’avoir reçu pour ensuite s’exprimer sur les principaux points défendus par son mouvement.
Twitter s’enflamme
Bien qu’aucune raison officielle n’ait été avancée, de nombreux internautes spéculent sur les raisons de ce désistement.
Beaucoup voient dans cette décision une tentative de préserver l’entreprise de restauration des relations avec l’Algérie à la veille d’une éventuelle augmentation des livraisons de gaz algérien vers la France, directement concernée par la crise énergétique qui inquiète l’Europe.
Cette crise causée par la guerre en Ukraine, force la France à multiplier et à renforcer les partenariats énergétiques à l'approche de l'hiver.
De nombreux médias partisans tels que Siwel (média kabyle) ou marocains (360.ma) qui ont massivement rapporté cet incident soupçonnent sans la moindre preuve que des responsables français aient convaincu Yannick Bolloré, propriétaire du média, d'annuler l’émission. Mais ce sont, à l'évidence, des accusations gratuites sans la moindre preuve qu'il faut replacer dans le contexte fratricide des relations algéro-marocaines.
La diffusion de cette émission durant une période délicate - une semaine avant la visite de la Première ministre française, Elizabeth Borne, en Algérie - pourrait gâcher les efforts diplomatiques français, pensent les accusateurs.
Cette visite annoncée par le président français Emmanuel Macron lors de sa venue à Oran en août dernier est censée celer l’accord énergétique.
Qui est Ferhat Mehenni?
Persona non grata en Algérie, considéré par beaucoup comme un opposant aux idées loufoques et controversées, cet Algérien en exil considère être un réfugié politique en France.
Ferhat Mehenni, est le président du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) à qui l’on prête des relations privilégiées avec le Maroc.
Il continue à créer la polémique en plaidant sa cause auprès de médias français de droite aux idées bien arrêtées sur l’Algérie.
Dans l’un de ses coups d’éclats les plus retentissants, le président du MAK a déclaré qu'il préparait une lettre au Secrétaire d'État américain Antony Blinken dans laquelle il affirme que la Kabylie subit un génocide appelé « Opération Kabylie zéro » faisant références aux incendies de l’été 2021, et qui ont causé des centaines de morts à travers tout le pays.
À la suite de l’implication de plusieurs membres du MAK dans l’assassinat choquant de Djamel Bensmail, un bénévole venu aider à mettre fin aux feux de forêts, le MAK a été classé comme groupe terroriste par les autorités algériennes.
Ce mouvement reste néanmoins un groupe minoritaire établi principalement à l'étranger, très peu sont les membres de la communauté kabyle à adhérer aux idéaux du parti.