Selon le World Inequality Report 2022, les 10% les plus riches des Algériens gagnent 10 fois plus que la moitié inférieure de la population et touchent 38% des revenus totaux, tandis que la moitié inférieure touche 19% des revenus totaux. Le rapport relève également que cette moitié inférieure de la population a vu ses revenus stagner à des niveaux «très bas» pendant près de 15 ans.
(AFP) - Même si les inégalités ont été réduites sur les cent dernières années, les chercheurs derrière cette édition 2022 du rapport constatent que la richesse moyenne des ménages est dix fois inférieure à celle des pays de l’Europe occidentale. Plus précisément, les 10% les plus riches des Algériens possèdent 57% de la richesse totale alors que la moitié inférieure n’en possède que 6%.
Un autre aspect préoccupant de l'économie algérienne est la faible proportion des revenus profitant aux femmes, avance le rapport. Seulement 12,5% des revenus en Algérie sont perçus par les femmes, une proportion nettement inférieure à celle d'autres régions du monde.
Ces données soulèvent des questions quant à la politique du pays en matière de redistribution des richesses et de justice sociale si l’on tient compte des revenus conséquents qu’engrange ce pays riche en ressources naturelles, notamment pétrole et gaz.
En ce qui concerne la tendance mondiale en terme d’inégalités, le rapport relève qu’au cours des quarante dernières années, les pays ont connu une nette augmentation de leur richesse, alors que les États ont vu leur patrimoine diminuer considérablement. Dans les pays riches, la part de patrimoine détenue par le secteur public est presque nulle ou négative. Le patrimoine étant concentré dans les mains du secteur privé.
Cette tendance a été exacerbée par la pandémie de Covid-19, qui a contraint les États à emprunter entre 10 et 20 % de leur PIB, principalement auprès du secteur privé. Cette situation de pauvreté actuelle des États compromet sérieusement leur capacité à lutter contre les inégalités dans l'avenir, ainsi qu'à relever les grands défis du XXIe siècle, tels que le changement climatique, conclut le rapport.
L'économie algérienne continue de se rétablir, d'après la dernière mise à jour économique de la Banque mondiale publiée en janvier dernier. La production pétrolière est revenue à des niveaux pré-pandémiques et le secteur des services continue de récupérer, soutenu par une activité agricole plus forte. Mais, l'inflation reste élevée en raison de la hausse des prix alimentaires, affectant particulièrement les ménages les plus pauvres.
La Banque mondiale prévoit une croissance de 2,3 % de l'économie algérienne en 2023, mais souligne que la situation macroéconomique reste vulnérable aux fluctuations des prix des hydrocarbures.