Visite historique, partenariat renouvelé, dynamique de progression irréversible, réconciliation, autant de superlatifs qui ont accompagné la visite de trois jours du président français Emmanuel Macron en Algérie.
(AFP) - Destinée à « refonder » les relations bilatérales avec Alger, cette visite, qui s’est déroulée du 25 au 27 août, a coïncidé avec le 60e anniversaire de la fin de la guerre et la proclamation de l'indépendance de l'Algérie en 1962. Un symbole fort visant à dissiper les tensions entre deux nations dont les histoires s'entremêlent profondément.
La question mémorielle autour de la colonisation française (1830-1962) avait en effet provoqué une grave brouille entre les deux pays à l'automne dernier.
L’objectif semble bel et bien atteint. Les présidents algérien Abdelmadjid Tebboune et français Emmanuel Macron ont en effet scellé ce samedi la réconciliation entre Paris et Alger en signant la Déclaration d’Alger, qui « renouvelle leur engagement à inscrire leurs relations dans une dynamique de progression irréversible ».
Le président Tebboune a salué une « visite excellente et réussie » de son homologue français en Algérie, assurant qu'elle « a permis un rapprochement qui n'aurait pas été possible sans la personnalité même du président Macron ». Selon le président algérien, qui s'est exprimé en français, les deux pays vont également « agir ensemble dans beaucoup de domaines en dehors de l'Algérie et la France ». « Ce rapprochement va nous permettre d'aller très très loin » a-t-il assuré.
Tebboune a dans ce sens, mentionné la réunion de très haut niveau qui a réuni à Alger vendredi les présidents et les services de sécurité des deux côtés, y compris l'armée, « pour la première fois depuis l'indépendance » de l'Algérie en 1962. Car cette visite au-delà de la portée symbolique qu’elle renvoie a été également l’occasion pour les deux pays de renforcer leurs liens dans tous les domaines.
Outre le dossier mémoriel autour de la colonisation française, la question des visas avait empoisonné la relation bilatérale quand Paris a décidé à l'automne 2021 de diviser par deux le nombre octroyé à l’Algérie, jugée pas assez prompte à réadmettre ses ressortissants expulsés de France.
Il s'agira de lutter contre l'immigration clandestine tout en assouplissant les procédures pour « les familles de binationaux, les artistes, les sportifs, les entrepreneurs et les politiques qui nourrissent la relation bilatérale ».
Une commission mixte d'historiens français et algériens va aussi être créée pour « regarder » en face l'ensemble de la période de la colonisation, « sans tabou ».
À Alger, la visite du président français ne faisait pas l'unanimité, beaucoup d'Algériens attendant des excuses en bonne et due forme de la part de M. Macron pour la colonisation et pour ses propos de l'automne 2021, quand il doutait de l'existence d'une nation algérienne avant le débarquement de l'armée française en juin 1830.
Une visite réussie donc selon le président Tebboune, mais dont les retombées devront se confirmer dans les mois à venir.