L'Algérie aurait expulsé 35.600 Nigériens depuis 2014...
À l’issue d’une mission au Niger du 1er au 8 octobre, Felipe Gonzalez Morales, rapporteur spécial de l' ONU sur les droits de l’Homme des migrants, a appelé l’Algérie à « cesser immédiatement » les expulsions collectives de migrants africains vers le Niger.
Dans un rapport partagé ce mardi, le rapporteur dénonce les opérations de rapatriement forcé de migrants. Certains d’entre eux « vivaient et travaillaient depuis plusieurs années en Algérie, où leurs enfants étaient nés et scolarisés ».
Mauvais traitements
« Les migrants sont raflés à leurs domiciles en pleine nuit », s’est indigné Felipe Gonzalez Morales, « sans même avoir le temps de s’habiller, de prendre leurs affaires et leurs économies ». Ils sont emmenés dans des postes de police, battus, puis déportés par bus vers la frontière avec le Niger, où ils doivent marcher pour rejoindre la ville la plus proche.
Selon les estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’Algérie a ainsi expulsé 35.600 Nigériens depuis 2014 - dont plus de 12.000 depuis le début 2018 – ainsi que plus de 8.000 migrants d’Afrique de l’Ouest depuis septembre 2017.
M. Morales appelle aussi le Niger à réformer sa loi de lutte contre le trafic de migrants de 2015, qui pénalise à ses yeux autant les migrants que les trafiquants. Les efforts d’accueil déployés par ce pays d’Afrique de l’Ouest ont en revanche été salués.
L’OIM a critiqué à plusieurs reprises le traitement des migrants africains par l’Algérie, notamment les opérations de rapatriement forcé. Alger avait réfuté en juillet les accusations de mauvais traitement.
Alger répond
“Le gouvernement algérien a pris connaissance avec étonnement du contenu de la conférence de presse de M. Felipe Gonzalez Morales, Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme sur les droits des migrants au terme de sa visite au Niger”, a réagi le ministère des Affaires étrangères (MAE) dans un communiqué.
Le gouvernement algérien “rejette globalement et dans le détail les assertions de ce dernier qui non seulement outrepasse les limites de son mandat mais prend pour vérités, les allégations des personnes reconduites à la frontière pour séjour illégal”, ajoute le communiqué.
Selon le ministère des Affaires étrangères, “le gouvernement algérien a sollicité des explications du représentant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) dont le bureau au Niger a changé de vocation pour devenir un vecteur de propagande alimentant et entretenant depuis des mois une campagne de désinformation contre l’Algérie”.
“Le gouvernement algérien souligne que les opérations de reconduite aux frontières des migrants illégaux vont se poursuivre. Elles se dérouleront dans le respect de la dignité des personnes, en application des lois de la République, en conformité avec les dispositions des conventions internationales ratifiées et en application des accords bilatéraux de réadmission”, ajoute la même source.
“Tout comme l’Algérie continuera, de concert avec les pays d’origine et de transit, à mener une lutte implacable contre la traite humaine et les réseaux de passeurs, qui fait partie intégrante de la lutte globale contre le crime organisé transnational”, conclut le communiqué du MAE.