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Accord de 1968 : Abdelaziz Rahabi appelle à son abrogation, sur fond de tensions diplomatiques entre l’Algérie et la France

Algérie - Accord 1968 - Maglor

Maglor - L’ancien ministre algérien de la Communication, Abdelaziz Rahabi, a relancé le débat sur l’accord franco-algérien de 1968 régissant la circulation et le séjour des ressortissants algériens en France. Dans une déclaration publique diffusée le 6 novembre 2025, le diplomate a suggéré que l’Algérie prenne l’initiative d’abroger cet accord, estimant que ses avantages sont aujourd’hui devenus marginaux.

Un accord devenu “désuet”, selon Abdelaziz Rahabi

Dans une publication largement relayée sur les réseaux sociaux, Abdelaziz Rahabi a plaidé pour une réévaluation radicale des relations bilatérales en matière migratoire.
Selon lui, les avantages accordés aux ressortissants algériens dans le cadre de l’accord de 1968 sont désormais “minimes” et ne justifient plus le maintien de ce cadre juridique spécifique.

« Les bénéfices de l’accord sont aujourd’hui faibles pour les citoyens algériens », écrit Rahabi.
« Dans de nombreux cas, le droit commun français offre des conditions plus favorables que celles prévues par le texte de 1968. »

L’ancien ministre estime que l’Algérie devrait agir unilatéralement pour “mettre fin à cet arrangement bilatéral”, qu’il considère déséquilibré et politiquement instrumentalisé par certains acteurs en France.

Un contexte diplomatique tendu

La proposition du diplomate intervient dans un climat politique particulièrement crispé.
En France, le Premier ministre Sébastian Lecornu a récemment affirmé son souhait de renégocier l’accord de 1968 “dans les plus brefs délais”, qualifiant le texte d’“inadapté à plusieurs égards”.

Peu après, l’Assemblée nationale française a adopté une résolution non contraignante appelant le gouvernement à revoir ou abroger l’accord.
Pour Rahabi, ces déclarations constituent une forme de pression politique contraire aux usages diplomatiques entre États souverains.

« Les positions françaises actuelles s’apparentent à une volonté d’annulation unilatérale de l’accord »,
a-t-il estimé, déplorant un manque de respect pour le principe d’égalité entre les deux partenaires.

Un instrument de débat politique en France

Abdelaziz Rahabi estime que l’accord de 1968 est désormais utilisé comme un levier de débat intérieur en France, en particulier par la droite et l’extrême droite, qui en font un symbole de la politique migratoire franco-algérienne.

Selon lui, les ressortissants algériens sont devenus des boucs émissaires dans le discours politique français sur l’immigration.
Il affirme que l’abrogation de l’accord mettrait fin à cette instrumentalisation :

« Les Algériens sont souvent présentés comme responsables des problèmes migratoires.
Mettre fin à cet accord couperait court à cette exploitation politique préjudiciable aux intérêts algériens. »

Le poids de l’histoire : un précédent en 1979

Pour appuyer son argumentation, le diplomate rappelle un précédent historique :
en décembre 1979, le président français Valéry Giscard d’Estaing avait ordonné le rapatriement de 35 000 ressortissants algériens par an, une mesure perçue à l’époque comme une crise majeure entre Alger et Paris.

Rahabi souligne que l’Algérie avait alors réagi avec dignité et fermeté, tout en se déclarant prête à accueillir ses citoyens.
L’épisode avait pris fin après la défaite électorale de Giscard d’Estaing en 1981, marquant la reprise d’un dialogue apaisé sous François Mitterrand.

« L’histoire a prouvé que l’Algérie sait gérer ses crises diplomatiques avec la France.
Celle d’aujourd’hui n’est pas plus grave que celle de 1979 », rappelle Rahabi.

Un débat relancé des deux côtés de la Méditerranée

La question de l’accord de 1968, longtemps considérée comme un sujet technique, est redevenue un enjeu symbolique et politique majeur.
Pour certains observateurs, son abrogation marquerait la fin d’une ère privilégiée entre la France et l’Algérie, au profit d’une relation fondée sur la stricte réciprocité du droit commun.

D’autres redoutent au contraire une détérioration supplémentaire des relations bilatérales, dans un contexte déjà tendu par les dossiers migratoires, économiques et mémoriels.

Quoi qu’il en soit, la proposition de Rahabi ravive un débat complexe où la diplomatie, la politique intérieure et la mémoire coloniale continuent de s’entremêler.

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