
Le gouvernement britannique a demandé un réexamen de la licence accordée à la chaîne publique russe en anglais RT, a annoncé mercredi Boris Johnson en pleine crise russo-occidentale liée à l'Ukraine, son ministre de la Défense jugeant que Vladimir Poutine avait "perdu la boule".
(AFP) - La chaîne RT qui émet également en France est un puissant organe de propagande de Vladimir Poutine. Elle n'hésite pas à diffuser de fausses nouvelles.
Le Royaume-Uni a sanctionné mardi cinq banques et trois oligarques russes après la reconnaissance par Moscou de l'indépendance des régions séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine, et a indiqué que de nouvelles mesures seraient prises face à la possibilité "hautement probable" d'une invasion d'envergure atteignant Kiev.
Interpellé au Parlement sur le rôle de "désinformation" joué par RT, Boris Johnson a indiqué que sa ministre de la Culture Nadine Dorries avait demandé au régulateur britannique, Ofcom, de "réexaminer" la licence accordée à la chaîne d'informations en anglais.
"Nous vivons en démocratie et dans un pays qui croit à la liberté d'expression, il est donc important de laisser cette question à Ofcom, plutôt que de laisser les politiques décider des médias à interdire comme le fait la Russie", a tempéré Boris Johnson.
Interrogé par l'AFP, l'Ofcom a indiqué qu'il n'hésiterait pas à "intervenir" si ses règles en matière d'exactitude ou d'impartialité étaient violées par le titulaire d'une licence.
"Vu la gravité de la crise en Ukraine, nous examinerons en priorité les plaintes relatives à la couverture de cette question par toute société de radiodiffusion", a ajouté un porte-parole du régulateur.
Début février, l'Allemagne a interdit RT sur son territoire, poussant Moscou à fermer le bureau de la radio-télévision allemande Deutsche Welle à Moscou.
Moscou a laissé entendre que la BBC pourrait recevoir le même sort.
"Si le Royaume-Uni met à exécution sa menace envers le média russe, des mesures de représailles ne se feront pas attendre", a prévenu la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
"Les journalistes britanniques peuvent demander à leurs collègues allemands en quoi ça consiste", a-t-elle ajouté, rappelant aussi l'expulsion en 2021 de la correspondante de la BBC à Moscou Sarah Rainsford.
Armes
Boris Johnson a également réaffirmé préparer de nouvelles sanctions économiques après celles annoncées mardi, sans préciser si elles seraient mises en oeuvre quoi qu'il arrive ou en cas de nouvelle escalade.
Ces mesures "visent à empêcher la Russie de lever de la dette souveraine, à empêcher les compagnies russes de lever des fonds et même de régler en livres sterling et dollars sur les marchés internationaux", a-t-il expliqué.
Il a également confirmé que Londres allait renforcer son aide militaire à Kiev, y compris par des armes létales, en plus des missiles antichars envoyés récemment.
Le gouvernement britannique a également annoncé un soutien financier sous la forme de garanties de crédit atteignant 500 millions de dollars.
Interrogée sur la chaîne Sky News, la cheffe de la diplomatie Liz Truss avait estimé "hautement probable" que le président russe Vladimir Poutine veuille envahir l'Ukraine et prendre sa capitale Kiev.
Lors d'un entretien avec des militaires, le ministre de la Défense Ben Wallace a déclaré de son côté, selon l'agence PA Media: "Malheureusement, nous avons un adversaire très occupé avec Poutine, il a complètement perdu la boule".
Il a évoqué le régiment des Scots Guards dans lequel il a servi, rappelant qu'ils avaient "botté les fesses du tsar Nicolas Ier en Crimée en 1853": "On peut le refaire".
Frédéric Taddeï s'écarte de RT France
Depuis 2018, Frédéric Taddeï animait un talk-show d'actualité, Interdit d'interdire, sur RT France. Sans pour autant quitter la version française de la chaîne russe, l'ex-présentateur de France Télévisions a décidé d'arrêter son émission quotidienne, diffusée du lundi au jeudi à 19 heures, en raison de « la situation internationale » entre le Kremlin et l'Ukraine. « Par loyauté envers la France, je ne peux pas continuer une émission de débat contradictoire à partir du moment où mon pays se retrouve en conflit ouvert avec la Russie », a annoncé le journaliste de 61 ans, invité du Buzz TV du Figaro Live mardi 22 février.
D'après Frédéric Taddeï, la chaîne d'info russe financée par le Kremlin souhaiterait tout de même poursuivre sa collaboration avec l'ex-hôte de Ce soir ou jamais (France 3 puis France 2). « Xenia Fedorova, la présidente de la chaîne, m'a demandé de ne pas prendre de décision trop hâtive », a-t-il affirmé sur le plateau du Buzz TV, avant d'animer son dernier numéro de son magazine de débats, mardi à 19 heures. Malgré les accusations envers RT France (Russia Today), qualifiée par certains de « propagande pro-Poutine », Frédéric Taddeï l'assure : « On m'a promis que je serais totalement libre d'inviter qui je voulais, de traiter les sujets que je voulais. »