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Le CFCM dénonce les propos de Darmanin sur la «mort» de cette instance

Le CFCM dénonce les propos de Darmanin sur la «mort» de cette instance

Dans un communiqué, le Conseil français du culte musulman (CFCM) déplore, lundi 13 décembre, les propos tenus par le ministre de l’intérieur qui a évoqué, dans une interview, la « mort » de l’institution et la fin du dialogue entre l’État et le président du CFCM. Au-delà de mots lâchés lors d'un entretien radiophonique, il faut préciser que la rupture unilatérale du dialogue entre les pouvoirs publics et l’instance représentative du culte musulman n’a jamais été signifiée au CFCM

"Aujourd'hui le CFCM, c'est à dire la représentation de l'islam consulaire - les Marocains, les Algériens - est morte. Le CFCM, pour les pouvoirs publics, pour la République française, n'existe plus, n'est plus l'interlocuteur de la République", a déclaré dimanche le ministre de l'Intérieur, invité de l'émission Le grand jury (RTL-LCI-Le Figaro).

"Cette déclaration n’est pas acceptable ni sur la forme ni sur le fond"', répond M. Moussaoui. "Des propos de cette gravité ne peuvent être tenus par un ministre de la République dans un langage approximatif, au détour d’une réponse à une question d’un journaliste", selon lui.

Car, d'après lui, "la rupture unilatérale du dialogue entre les pouvoirs publics et l’instance représentative du culte musulman n’a jamais été signifiée au CFCM". 

Et de faire valoir que "le CFCM est toujours le représentant du culte musulman devant différentes commissions nationales et européennes et auprès des autres cultes" et qu'il " continue de désigner les aumôniers et de saisir les pouvoirs publics sur différentes questions liées au culte." "Il représente le culte musulman dans toutes les cérémonies officielles".

Interlocuteur historique des pouvoirs publics sur le culte musulman, le CFCM, créé en 2003 et qui regroupe plusieurs fédérations de mosquées, est plongé dans la tourmente depuis que le gouvernement a voulu faire adopter une "Charte des principes pour l'islam de France", qui proscrit "l'ingérence" d'Etats étrangers et réaffirme la "compatibilité" de l'islam avec la République française. Trois fédérations ont refusé de la signer, à la suite de quoi quatre autres ont décidé de quitter le bureau du CFCM.

"C’est au sein du CFCM que la charte des principes pour l’islam de France a été rédigée", fait valoir M. Moussaoui, dans son communiqué.

Il juge l’annonce du ministre de l’intérieur "pas justifiée" et "en rupture totale avec les règles et usages en vigueur dans un État de droit comme le nôtre".

Le gouvernement a annoncé la semaine dernière vouloir organiser en janvier ou février un "forum de l'islam de France" portant sur la formation des imams ou le droit du culte en partenariat avec des acteurs locaux.

Récupérations politiques

Le désaccord entre le CFCM et le ministre de l'Intérieur est largement instrumentalisé par une petite partie très minoritaire de l'opinion maghrébine en France qui voit dans ce désaccord un cadeau fait à l'Algérie en déstabilisant le CFCM qui est sous une influence plutôt marocaine. Mais rien ne permet une telle allégation. Le ministre ayant lui-même renvoyé dos à dos Algériens et Marocains dans le conflit qu'ils se livrent pour diriger l'Islam en France. 

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Explications sur cette embrouille

Pourquoi le torchon brûle-t-il entre le Conseil français du culte musulman (CFCM) et le ministre de l'Intérieur ? Du moins, pour ce dernier, les discussions sont rompues. Invité du Grand Jury RTL/Le Figaro dimanche 12 décembre, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, n’y est pas allé par quatre chemins, rappelle BFMTV, en qualifiant l’instance de « morte ». Il a ajouté : « Le CFCM, pour les pouvoirs publics, n’existe plus, n’est plus l’interlocuteur de la République ». Une décision prise par le chef de l’Etat depuis que la charte reconnaissant « les valeurs fondamentales de la République » n’a pas été signée.

A l’époque, trois organisations – le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), la Confédération islamique Milli Görüs et Foi & Pratique – avaient refusé de signer la charte, ce qui avait entraîné le départ de quatre autres du bureau du CFCM. « Nous ne parlons plus institutionnellement à ces trois fédérations, et le CFCM n’est plus notre interlocuteur », a martelé le ministre de l’Intérieur. Des propos qui ont fortement déplu à son président, Mohamed Moussaoui, les qualifiant d’« inacceptable » tant « sur le fond que la forme ».

Le CFCM dit avoir toujours un rôle

Ils sont par ailleurs « non justifiés » selon lui puisque « la rupture unilatérale du dialogue entre le pouvoirs publics et l’instance représentative du culte musulman n’a jamais été signifiée au CFCM », avance-t-il. Mohammed Moussaoui s’en est ensuite pris personnellement à Gérald Darmanin, coupable d’avoir utilisé « un langage approximatif au détour d’une réponse à une question d’un journaliste ». Dans le communiqué qu’a pu consulter BFMTV, le président de l’instance veut rappeler que la charte des principes pour l’islam a été rédigée « au sein du CFCM », et que l’annonce du ministre est « en rupture avec les règles et usages en vigueur dans un Etat de droit comme le nôtre ».

Le dialogue semble pourtant bel et bien rompu provisoirement, bien que le CFCM considère toujours être « le représentant du culte musulman devant différentes commissions nationales et européennes et auprès des autres cultes ». S’il met en avant aussi son rôle dans les désignations des aumôniers et assure représenter le culte musulman « dans toutes les cérémonies officielles », le gouvernement a d’ores et déjà annoncé la tenue d’un « forum de l’islam de France » fin janvier 2022. Il devrait amorcer un tournant et dévoiler une nouvelle organisation de l’islam en France avec de nouveaux représentants. Les fédérations dissidentes, la Grande mosquée de Paris en tête, semblent être les grands gagnants de cette crise.

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