
Touchée par un missile probablement ukrainien qui a mal fonctionné, la commune de Przewodów a vécu toutes sortes d’émotions ce mercredi, de la crainte d’une guerre avec la Russie au désarroi pour ses deux membres décédés.
(AFP) - « J’ai vu le missile tomber. Je pensais au début que c’était un petit avion qui volait bas, c’est seulement en entendant l’explosion et en venant voir sur place que je me suis rendu compte des dégâts. »
Comme pour nombre de ses concitoyens, Damian, un habitant de Przewodów, est encore sous le choc du missile qui s’est abattu, mardi après-midi, dans la petite commune du sud-est de la Pologne, causant la mort de deux personnes.
Expliquer aux enfants que « non, la Pologne n’est pas en guerre »
Mise sous cloche, la commune sonnait creux en dehors des investigations menées par la police. À l’école élémentaire du village, les cours ont été maintenus seulement dans la matinée, ce mercredi. « Très peu d’enfants sont venus, reconnaît l’établissement. On leur a surtout expliqué que, non, la Pologne n’est pas en guerre. Certains étaient vraiment inquiets en arrivant. »
L’annonce, en deux temps, par les autorités américaines et polonaises de l’origine ukrainienne du missile a été vécue ici comme un véritable soulagement. « Pendant un moment, nous avons vraiment eu très peur », nous souffle une agent des services municipaux. « On se demandait déjà où nous allions dormir les prochaines nuits », glisse une autre habitante, anticipant la procédure d’évacuation en cas d’attaque.
La commune a repris un peu vie au fil de la journée, ce mercredi. Si les bureaux étaient toujours désertés, les habitants ont apporté du réconfort aux familles des deux victimes.
« Ici, tout le monde se connaît »
« C’est une petite commune, tout le monde se connaît. Cela nous fait bizarre de les avoir perdus », note Bogdan Wa?ny, le prêtre de l’église du village. Une cellule de soutien psychologique a été mise en place ce mercredi, ouverte à tous jusqu’à vendredi.
« Peu de gens sont venus », admet Stanislaw Staszczuk, secrétaire général de la commune de Dolhobyczów, la plus grande du district et en charge du soutien aux habitants, avant d’enchaîner, la voix chevrotante et le regard embué : « Et ce n’était pas vraiment pour le soutien psychologique mais plus pour se réunir entre eux et parler des deux personnes décédées. »
Touchée, la population du coin ne s’apitoie pas sur son sort. « Les gens se serrent les coudes pour aider les familles des victimes, explique Stanislaw Staszczuk. Car malgré tout, la vie continue. »
« Même si nous vivons près de la frontière ukrainienne, nous nous disions que la guerre en elle-même n’arriverait pas ici », déplore tout de même Damian, empli de désarroi. En hommage aux victimes, une période de deuil de trois jours a été décrétée dans la commune de Przewodów à compter de jeudi.