
Rachid Guerraoui, «professeur d’algorithmique à la faculté Informatique et Communication de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), a été élu professeur de la « Chaire informatique et sciences numériques » par le Collège de France », nous apprend l'EPFL. « Cette nomination annuelle très prestigieuse a été créée pour mettre en valeur l’importance de cette discipline scientifique par le Collège de France », ajoute l’institution helvète.
Le chercheur marocain est aussi affilié au Centre de recherche de l'Ecole des Mines de Paris, au Commissariat à l'Energie Atomique de Saclay, aux Laboratoires Hewlett-Packard de Palo Alto et au Massachusetts Institute of Technology. En 2013, il s’était également distingué après avoir été primé par Google. Le géant de la Silicon Valley lui avait décerné le « Google Focuser Award » pour son projet sur le Web Alter ego.
La trajectoire de Rachid Guerraoui, aujourd'hui professeur d'informatique à l'EPFL, débute à Rabat (Maroc). Il y est né en 1967. Ses deux parents étaient professeurs, son père de mathématiques, sa mère de français. Rachid Guerraoui a effectué toute sa scolarité au Maroc. Son bac en poche, il quitte son pays pour la France. Il étudie dans une école d'ingénieurs à Paris, passe un doctorat et, surtout, y rencontre celle qui est aujourd'hui sa femme, mi-libanaise, mi-suissesse. Tous deux cherchent du travail, notamment du côté de la Suisse. Fin 1992, Rachid Guerraoui trouve une place de post-doctorant à l'EFPL. Il y est resté jusqu'à maintenant, excepté une année «sabbatique» en 1998. Le professeur, entre-temps devenu père de deux filles «qui ont l'accent vaudois», s'est cette année-là envolé avec sa femme pour la Silicon Valley. C'est d'ailleurs paradoxalement aux Etats-Unis qu'il obtient son passeport suisse. «Marié à une Suissesse, j'avais fait ma demande de naturalisation après cinq ans de vie conjugale et cinq ans de présence en Suisse. La procédure, rapide, s'est bien passée.
"Un jour, le consulat de Suisse à San Francisco m'a dit que je pouvais venir chercher mon document.» Pas de visite de policiers à la maison après avoir déposé sa demande: Rachid Guerraoui a juste été interrogé par la police de Nyon, dans ses locaux. «Cela a duré dix minutes. Les policiers m'ont offert un verre de blanc et nous avons parlé de l'équipe de foot de Bursins. J'aurais pu rester plus longtemps si j'avais voulu finir la bouteille!» souligne-t-il en rigolant.
Rachid Guerraoui a donc pu devenir Suisse grâce à sa femme… qui elle-même a été naturalisée. Son père était Libanais, sa mère Suisse alémanique. Mais à l'époque, une Suissesse qui épousait un étranger ne pouvait pas transmettre sa nationalité à son enfant. Pour la femme de Rachid Guerraoui, May, cela n'a pas été sans difficultés lorsqu'il a fallu fuir le Liban en guerre et obtenir un visa pour la Suisse. Ce n'est qu'en 1986, avec le changement de législation, qu'elle a enfin pu adopter la nationalité de sa mère. Son frère, Sami Kanaan, député socialiste au Grand Conseil genevois, a lui pu devenir Suisse un peu plus rapidement, à la mort de leur père en 1983. Contrairement à sa sœur, il habitait alors déjà en Suisse.
Il a trois sœurs: l'une est en train de devenir Canadienne, la deuxième est Française et la troisième, étudiante à Paris, devrait également entamer une démarche pour obtenir la nationalité française.
Plus récemment encore, Rachid Guerraoui a refait parler de lui, grâce à l’un de ses étudiants, El Mahdi El Mhamdi, lui aussi Marocain et préparant sa thèse de doctorat. Tous deux ont présenté, en décembre 2017, à Long Beach, en Californie, une étude portant sur l’intelligence artificielle et les neurosciences computationnelles. Une présentation qui a eu lieu à l’occasion de la Neural Information Processing System (NIPS), une conférence annuelle qui se tient chaque année dans un pays différent.