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Afghanistan : un patrimoine culturel inestimable est menacé

Alors que les Talibans viennent de reprendre le pouvoir en Afghanistan, le pays comme la communauté internationale s’inquiètent des dommages que pourrait subir le patrimoine national, comme lors de leur première prise de pouvoir entre 1996 et 2001.

Dans un communiqué, la directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay appelle à « préserver le patrimoine culturel de l’Afghanistan dans sa diversité, dans le plein respect du droit international, et à prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger le patrimoine culturel de tout dommage et des pillages ». L’Organisation insiste également sur la nécessité de garantir la sûreté des environnements de travail pour les professionnels du patrimoine culturel et les artistes locaux.

Un patrimoine clé pour la cohésion nationale

L’Unesco explique également que ces acteurs du patrimoine culturel « jouent un rôle central pour la cohésion nationale et le tissu social de l’Afghanistan ». Il y a vingt ans, les Talibans s’étaient en effet employés à détruire de nombreuses traces de l’histoire préislamique et de la diversité culturelle du pays. Ils avaient, entre autres, détruit des statues conservées au Musée national de Kaboul ainsi que les Bouddhas géants de Bâmiyân, trois statues monumentales sculptées entre 300 et 700 de notre ère et qui témoignaient des développements clés connus par le bouddhisme dans la région. 

Cette pratique, désormais qualifiée de « nettoyage culturel », et une des composantes les plus visibles d’une stratégie politique extrémiste. Un parallèle évident peut être établi entre ces agissements et d’autres advenus dans les années 2010 : la destruction en 2012 des mausolées de Tombouctou par des djihadistes, par exemple, ou encore le dynamitage en 2015 de ruines antiques de la cité syrienne de Palmyre par des combattants de l’organisation État islamique.

Des sites en danger

Aujourd’hui, les musées, tels que le Musée national de Kaboul, et des sites patrimoniaux tels que la vieille ville de Herat, pourraient de nouveau être en péril. L’Afghanistan compte également deux sites classés patrimoine mondial par l’Unesco : le paysage culturel et les vestiges archéologiques de la vallée de Bâmiyân et le minaret et les vestiges archéologiques de Djam. En mai 2019, les Talibans avaient pris possession de différents points de contrôle à proximité de ce site du XIIe siècle, y barrant l’accès et tuant 18 membres du personnel de sécurité.

Des mesures sont nécessaires pour éviter d’importants dommages à l’encontre du patrimoine. Certaines institutions avaient commencé à organiser l’évacuation d’artefacts vers des zones plus sûres lorsqu’elles ont été surprises et stoppées par l’arrivée soudaine des Talibans au pouvoir. « Nous ne nous attendions pas à ce que ça arrive si rapidement », a déclaré Noor Agha Noori, directeur de l’institut d’archéologie d’Afghanistan à Kaboul. Une situation d’urgence pour laquelle il n’existe pas de protocole établi.

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