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Daniel Cohn-Bendit : « Sans l’immigration, le récit national français serait bien triste »

Daniel Cohn-Bendit : « Sans l’immigration, le récit national français serait bien triste »

Né apatride en 1945, de parents ayant fui l’Allemagne nazie, Daniel Cohn-Bendit est devenu allemand puis français sur le tard. Dans « Français mais pas Gaulois », essai écrit avec Patrick Lemoine, l’ancien leader de Mai-68 et ex-eurodéputé revisite l’histoire de France par ses étrangers célèbres et s’interroge sur la notion d’identité.

Daniel Cohn-Bendit explique sa pensée dans un entretien accordé à l'hebdomadaire L'Observateur.

L'observateur : Marie Curie, Joséphine Baker, Manouchian… Ce sont des étrangers qui ont fait la France écrivez-vous dans votre livre « Français mais pas Gaulois » (Robert Laffont). Comment expliquez-vous que le pays semble avoir un rapport aussi crispé à l’immigration aujourd’hui, dont témoignent par exemple les résultats électoraux de Marine Le Pen et Eric Zemmour ?

Daniel Cohn-Bendit : Tous les pays ont un rapport crispé à l’immigration. Même aux Etats-Unis où le melting-pot est pourtant une évidence. Et ce n’est pas nouveau : les Italiens, les Polonais, les Portugais… tous ont connu des problèmes d’intégration en France. A Aiguës-Mortes (Gard), en 1893, il y a même eu un massacre d’Italiens… L’immigration, c’est l’intégration de vécus très différents, entre ceux qui arrivent dans un pays et ceux qui y vivent, cela peut poser des problèmes. Encore plus dans des sociétés qui ont peur, bousculées par les crises : le climat, la guerre, les attentats… Avec Patrick Lemoine, nous ne nions pas ces difficultés. Mais il ne faudrait pas que ce soit l’arbre qui cache la forêt : la France ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans l’immigration. Sans les Marie Curie, les Indigènes, Joséphine Baker ou Kylian Mbappé. Pour le dire autrement : sans l’immigration, le récit national français serait bien triste.

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