Les neuf derniers centres d’accueil collectif pour réfugiés, ouverts en Belgique en 2015, fermeront cette année, a annoncé le cabinet du secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Théo Francken.
Le gouvernement fédéral a, en effet, approuvé dans le cadre du contrôle budgétaire un nouveau plan de démantèlement des places d’asile. Il a été convenu de réduire le nombre de places d’accueil pour demandeurs d’asile de 23.815 à 16.629 places, soit le niveau d’avant la crise de l’asile. La réduction se fera par la fermeture de 2.854 places collectives et de 3.600 places individuelles.
Les centres d’accueil ouverts pendant la période de crise en Wallonie - Arlon, Vielsalm, Sainte-Ode, Namur et Tournai - à Bruxelles, au Samu Béjar, et en Flandre – Houthalen-Helchteren, Westakkers Saint-Nicolas, Montaigu - fermeront leurs portes d’ici la fin de l’année.
« Le flot de demandeurs d’asile s’est réduit, ce qui donne de la marge pour continuer à réduire le nombre de places et épargner sur les coûts», précise le cabinet de Théo Francken. Cette annonce a surpris les gestionnaires des centres d’accueil collectif. Des centaines d’emplois sont menacés. L’inquiétude est vive dans les rangs du personnel.
A Stockem (Arlon), où 350 résidents sont accueillis actuellement, le directeur, Roger Martinez, est abasourdi. «On travaille dans un secteur précaire, certes, mais rien ne laissait présager d’une telle décision», affirme-t-il.
«En effet, Stockem a une capacité tampon de plus de 400 places et est le deuxième centre dont le coût de fonctionnement est le moins élevé en Belgique. La qualité de son intégration sociale a été reconnue.» Les 44 salariés ont été informés de la fermeture. Les volontaires de la Croix-Rouge ont décidé de se mobiliser pour les soutenir symboliquement ce mardi à 18 heures, devant l’hôtel de ville d’Arlon, avant le conseil communal.
«Il faut sauver le centre et les 44 emplois », résume Norah Flammang, bénévole. «Le personnel mais aussi les 200 volontaires s’investissent énormément. Nous nous battrons pour le maintien. » D’autres actions sont annoncées, comme une pétition à Namur, pour sauver l’emploi.
Certains bénévoles pleurent
«Les salariés sont tristes, certains bénévoles pleurent. Mais c’est surtout un sentiment d’incompréhension qui prime.» Ces mots sont ceux de Roger Martinez-Dolz après l’officialisation de la fermeture du centre pour demandeurs d’asile de Stockem dont il est le directeur.
D’autant que le centre baptisé Visages du Monde a récemment été mis à l’honneur par la Croix-Rouge européenne pour son intégration réussie et surtout pour la participation citoyenne mise en place autour de ce centre. Il faut rappeler que Visages du Monde a pu fédérer autour de lui jusqu’à 300 bénévoles dès son ouverture en novembre 2016.
La directrice du centre Croix Rouge de Sainte-Ode, Olga Dounskaia, a appris la décision du gouvernement fédéral de fermer son centre hier en début d’après-midi avec un communiqué de presse, sans annonce préalable. «Personne ne s’y attendait d’autant que nous avions une occupation d’au moins 90% depuis l’ouverture du centre.»
Elle s’inquiète déjà pour les trente personnes qui étaient occupées au centre, installé dans l’ancien hôpital de Sainte-Ode. «C’est très triste pour les travailleurs, soupire-t-elle. Ce sont essentiellement de jeunes diplômés issus de Sainte-Ode ou des communes proches. Comment vont-ils trouver un autre lieu de travail? Il ne sera pas possible de les recaser dans un autre centre de la province car on en ferme trois. C’est vraiment difficile à comprendre.»