Partager sur :

L'immigration rapporte plus qu'elle ne coûte

L'immigration rapporte plus qu'elle ne coûte

La question du coût de l’immigration revient régulièrement dans les débats, notamment en période électorale. L’OCDE vient de publier un rapport sur ce sujet.

(AFP) - Dans un rapport publié par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le coût de l’immigration est nul dans les États étudiés.

Qu’en est-il en France ? La contribution budgétaire nette des personnes nées à l’étranger est de 1,02 %. “Ça veut dire, concrètement, que les impôts et les contributions qui sont payés par les immigrés sont un peu plus importants que ce que la France dépense pour leur protection sociale, leur santé et leur éducation”, explique la journaliste franceinfo Élodie Largenton.

Ils contribuent au financement des dépenses

Quel est "l'impact budgétaire" de l'immigration pour un Etat ? L'OCDE a publié, jeudi 28 octobre, une étude sur le sujet. En faisant le ratio entre les contributions versées par les immigrés et les dépenses publiques de l'Etat, elle conclut que le coût s'équilibre et qu'il peut même s'avérer positif. "Dans tous les pays, la contribution des immigrés sous la forme d'impôts et de cotisations est supérieure aux dépenses que les pays consacrent à leur protection sociale, leur santé et leur éducation", écrit l'OCDE dans ce rapport.

En France, par exemple, la contribution budgétaire nette des personnes nées à l'étranger est de 1,02% du PIB, donc légèrement excédentaire, contre une moyenne de 1,56% sur l'ensemble des pays. "Ce qui focalise le débat public, notamment en France, c'est le coût que peut représenter l'immigration en termes de dépenses sociales, de santé, etc." analyse Jean-Christophe Dumont, chef de la division Migrations de l'OCDE, interrogé par l'AFP.

"On montre que cette question ne devrait pas nous obséder, car quand on fait le compte, on observe que la contribution est positive jusqu'à la prise en compte des dépenses militaires et de la dette publique."
Jean-Christophe Dumont, spécialiste des migrations à l'OCDE 

Une population "qui cotise beaucoup"

En effet, la tendance s'inverse légèrement lorsque le calcul inclut le budget de la défense et le remboursement de la dette publique, qui ne concernent pas que les immigrés mais toute la population. Dans ce cas, la contribution devient négative pour la France (-0,85%) comme pour la moyenne des 25 pays étudiés (-0,16). "L'impact budgétaire des immigrés est faible", résume Ana Damas de Matos, auteure de l'étude, la première sur le sujet depuis 2013.

"Si on compte tout ce que l'État dépense sur les migrants, de la santé à l'éclairage public, en passant par la police et les allocations, et ce qu'ils contribuent, on va toujours trouver un écart de contribution budgétaire nette entre -1 et +1% du PIB."
Ana Damas de Matos, économiste, auteure de l'étude 

Ces données "reflètent l'histoire migratoire de chaque pays", estime l'économiste. "Dans les pays où il y a eu beaucoup d'immigration récente et jeune, on aura une contribution plus positive, comme en Italie ou en Espagne. Et vice-versa. La France, elle, est dans une situation intermédiaire" avec une population immigrée plus vieillissante.

Il y a "un quiproquo entre la situation individuelle des immigrés et l'impact de l'ensemble de leur population", estime Lionel Ragot, professeur d'économie à l'université Paris-Nanterre, qui avait lui-même étudié l'impact budgétaire de l'immigration en France entre 1979 et 2011. "Individuellement, ils sont plus au chômage, perçoivent plus d'allocations, c'est vrai. C'est le raccourci qui est souvent mis en avant pour dire qu'ils coûtent très cher à la France, remarque-t-il. Sauf que ce résultat individuel est compensé par une structure d'âge, avec des immigrés qui sont souvent dans la population active et qui donc cotisent beaucoup."

Partager sur :