
Le vendredi 7 février, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et la ministre déléguée aux Comptes publics, Amélie de Montchalin, ont dévoilé un ensemble de mesures visant à intensifier la lutte contre les réseaux criminels de passeurs. Lors d’un déplacement à l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants, en Seine-et-Marne, Bruno Retailleau a insisté sur la nécessité de « sortir de la naïveté » et de mener « une lutte à 360 degrés » contre ces filières de plus en plus violentes.
Un changement d’approche face à des réseaux toujours plus dangereux
Les autorités françaises font face à des organisations criminelles particulièrement structurées et internationalisées. Ces réseaux de passeurs, qui exploitent la détresse des migrants, s’adaptent constamment aux politiques mises en place pour les contrer. « On a des filières qui deviennent de plus en plus violentes et dangereuses. Il faut que cette lutte change de dimension pour qu’on ait plus de résultats encore et qu’on soit plus efficace », a affirmé Bruno Retailleau.
Dans cette optique, le gouvernement a annoncé un renforcement des dispositifs de lutte, en misant sur une meilleure coordination entre les différents ministères et une modernisation des outils de surveillance.
Une coopération interministérielle inédite
L’un des axes majeurs de ce plan repose sur une meilleure collaboration entre les ministères concernés. Bruno Retailleau a souligné que l’État français, bien que solide, est encore trop cloisonné dans son organisation administrative, alors que les réseaux de passeurs, eux, ne connaissent pas de frontières.
Pour y remédier, une convention va être signée entre Tracfin, la cellule de renseignement financier du ministère de l’Économie, et les services de lutte contre l’immigration clandestine du ministère de l’Intérieur. L’objectif est de mieux suivre les flux financiers liés aux filières criminelles. Une cellule d’échanges de renseignements sera également créée et associera les ministères de l’Intérieur, de l’Économie et des Armées, afin de renforcer le partage d’informations stratégiques et opérationnelles.
Une modernisation des outils de surveillance
Outre la coopération accrue entre services, le plan prévoit un recours intensifié aux nouvelles technologies pour améliorer la détection et l’interception des réseaux de passeurs. Parmi les mesures annoncées figurent :
- La lecture automatique des plaques d’immatriculation, permettant d’identifier rapidement les véhicules impliqués dans les trafics.
- La pose de balises sur les véhicules suspects, afin de suivre leurs déplacements et démanteler les filières.
- L’utilisation d’intercepteurs de données numériques, pour surveiller les communications entre passeurs et mieux anticiper leurs actions.
Ces dispositifs devraient permettre d’améliorer l’efficacité des forces de l’ordre en leur donnant des moyens d’action plus précis et réactifs.
Des interrogations sur les moyens alloués
Si l’annonce de ce plan marque une volonté affichée du gouvernement de lutter plus efficacement contre les passeurs, des interrogations demeurent quant aux moyens financiers et humains qui seront réellement mobilisés. Pour l’instant, aucune précision n’a été donnée sur les effectifs supplémentaires ou le budget alloué à cette nouvelle stratégie.
Les associations de défense des droits des migrants et certains observateurs s’inquiètent également d’une approche qui pourrait davantage durcir les contrôles sans forcément s’attaquer aux causes profondes des migrations clandestines. La question de la coopération avec les pays d’origine et de transit reste un enjeu clé pour lutter efficacement contre ces réseaux criminels.
Le succès de ce plan dépendra donc non seulement de sa mise en œuvre concrète, mais aussi de la capacité des autorités à allier fermeté contre les passeurs et protection des personnes en détresse.