A Rome, les pays veulent mettre en place un régime d'asile européen commun, axant sur la solidarité.
Les dirigeants de sept pays du sud de l'Union européenne (UE) se sont efforcés mercredi soir à Rome de faire front commun sur plusieurs enjeux concernant le vieux continent. A commencer par le défi migratoire auquel beaucoup d'entre eux sont confrontés.
Le président français Emmanuel Macron, tout juste arrivé de Chine, a ainsi évoqué devant la presse «la communauté de vues très forte» entre les pays du sud de l'Europe, que ce soit sur l'avenir de l'Union européenne que sur la crise migratoire.
Les chefs d'Etat ou de gouvernement des pays participants (Italie, France, Espagne, Portugal, Grèce, Chypre et Malte) ont affirmé être «fermement attachés à une politique européenne commune des migrations», dans une déclaration commune publiée à l'issue d'une brève réunion qui devait être suivie par un dîner de travail.
Lutte commune
Les pays du sud, dont l'Italie ou la Grèce, déplorent le peu d'empressement de certains de leurs partenaires en Europe, comme la Pologne, la République tchèque ou la Hongrie, à accueillir les migrants qui débarquent sur leurs sols.
«Nous devons lutter tous ensemble pour mettre en place une politique migratoire qui soit commune avec une solidarité surtout envers les pays qui reçoivent ces flux important», a souligné devant la presse le premier ministre grec Alexis Tsipras.
Régime solidaire exigé
A cet égard, ces sept pays ont réclamé «un effort résolu» en vue de mettre en place un régime d'asile européen commun, reposant sur la «solidarité», sans toutefois évoquer les quotas de relocalisation de migrants que l'UE a cherché à mettre en place, en vain en raison de l'opposition de certains pays d'Europe de l'Est.
Pour l'Italie, l'année 2017 a été celle d'un tournant: le pays est passé d'un flux toujours plus massif au premier semestre aux prémices d'une immigration choisie, au prix d'accords controversés en Libye qui ont limité les arrivées à 119'000, soit 35% de moins qu'en 2016. En Espagne en revanche, des Algériens et des Marocains sont venus grossir les arrivées sur les côtes, passées de 6000 en 2016 à près de 23'000 migrants en 2017.
En Grèce, l'accord entre l'UE et la Turquie a limité le nombre d'arrivées à 28'800 personnes, soit six fois moins qu'en 2016. Parallèlement, le nombre de migrants morts et disparus en mer Méditerranée est passé de près de 5000 en 2016 à 3116 en 2017, pour la plupart au large de la Libye, où le taux de mortalité reste relativement constant, autour de 1 pour 40.
Et ce début d'année est marqué par de nouveaux drames. Entre 90 et 100 migrants sont portés disparus en Méditerranée après le naufrage de leur embarcation de fortune au large de la Libye, a indiqué mardi soir la marine libyenne, se basant sur le récit de survivants.
«Résultats encourageants»
Dans ce contexte, le sud de l'UE continue de plaider pour une meilleure répartition de la charge migratoire au sein de l'Union européenne. Athènes demande ainsi régulièrement d'intégrer les Irakiens et les Afghans dans les procédures de relocalisation.
L'UE a déjà obtenu des «résultats encourageants dans la maîtrise des flux et dans la lutte contre la traite des êtres humains», a déclaré l'hôte de cette réunion, le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni. Ils doivent maintenant «être consolidés», a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron a appelé de son côté à «beaucoup mieux gérer les règles de solidarité» au sein de l'UE, en «répondant très rapidement aux incohérences» de la règle de Dublin, qui laisse la responsabilité de l'accueil des migrants au premier pays d'arrivée, au grand dam de l'Italie ou encore de la Grèce.