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Depuis Vandœuvre-lès-Nancy, Abder Rahim Faïq établit un «pont médical» entre le Maroc et la France

Marocain établi en Lorraine, Abder Rahim Faïq-Dkhissi a choisi de rendre service à son pays d’origine en organisant des convois médicaux vers les petites villes et les zones reculées, par le biais de son association qu'il a fondée en 2005. Ces convois pratiquent des centaines d'interventions chirurgicales et fournissent des consultations gratuites aux patients. Il a les honneurs de la presse marocaine.

(Yabiladi) - Docteur en psychologie, Abder Rahim Faïq-Dkhissi, connu sous le nom de Rahim Faïq, supervise l'organisation de convois médicaux depuis la France vers les petites villes et les régions reculées du Maroc. Son objectif : fournir des consultations médicales et effectuer des interventions chirurgicales pour des centaines de patients.

Originaire d’Oujda, le praticien n'envisageait pas de devenir docteur en psychologie. Il a immigré en France, après avoir obtenu son baccalauréat, dans le but d'étudier le théâtre et la mise en scène. Arrivé donc à Strasbourg, il intègre l'École nationale de théâtre, mais au bout de deux ans, il est surpris par la décision du gouvernement de retirer les bourses aux étudiants étrangers. En raison de la situation sociale de sa famille, il décide alors de suspendre son cursus pendant deux ans afin de récolter l'argent nécessaire.

Un objectif qu’il parvient à accomplir, puisqu’il revient poursuivre ses études, tout en optant pour une autre carrière. En effet, il intègre l'Université de Lorraine à Nancy pour se spécialiser en sciences de l'éducation et en sociologie. Abder Rahim Faïq obtient alors un Master et devient conseiller pédagogique.

«Servir le Maroc et venir en aide aux Marocains nécessiteux»

«J'enseignais à des professeurs qui étaient sur le point de poursuivre une carrière dans l'enseignement, et formais également des policiers. L’objectif était de leur inculquer la façon de communiquer et de traiter avec les gens de manière pédagogique sans violence», nous confie-t-il.

Le Marocain se lance aussi dans le monde de la politique en devenant, le temps d'un mandat municipal, adjoint au maire de Vandœuvre-lès-Nancy. Mais l'amour des études ne le quitte pas, le poussant même à retourner sur les bancs de l’université. Il commence alors un doctorat en psychologie et devient directeur d'un centre de recherche spécialisé dans l'accompagnement psychologique.

En 2005, il crée l'association ADEP, pour «servir le Maroc et venir en aide aux Marocains nécessiteux». Initialement, l'association s'est concentrée sur le domaine culturel. «Nous avons créé un groupe de bibliothèques, dont la première bibliothèque de la ville de Saïdia, et plusieurs autres dans les régions montagneuses, comme El Hajeb, Missour et autres», explique-t-il. Le travail de cette association s'est élargi par la suite, pour commencer à organiser des convois médicaux de la France vers le Maroc.

«Nous avions l'habitude de faire venir entre 50 et 60 médecins bénévoles de France. Au début, nous ne fournissions que des consultations médicales et des médicaments, en coordination avec les autorités compétentes. Après cela, nous avons décidé de faire appel aux compétences marocaines, de toutes les spécialités.» (Abder Rahim Faïq)

Mobiliser des médecins au Maroc et à l’étranger

Ainsi, en 2013, l’association commence à pratiquer des interventions chirurgicales, après avoir signé une convention de partenariat avec le ministère de la Santé. Les médecins bénévoles commencent aussi à fréquenter les hôpitaux situés dans des régions éloignées ou de petites villes pour demander les listes de personnes dont l’état nécessite une intervention chirurgicale.

Depuis, l'association organise deux convois médicaux chaque mois. Actuellement, un convoi se trouve dans la ville de Jerada pour effectuer 60 interventions chirurgicales, alors qu’en juillet, des consultations médicales seront assurées à la prison de Zaio avant que les médecins se rendent à Tinghir, Dakhla et dans d’autres villes.

Pour Abder Rahim Faïq, les médecins bénévoles apportent tout leur matériel chirurgical, leurs médicaments et leurs équipements de France. «Il s’agit d’aides d'organisations bénévoles. Nous ne recevons pas d'aide de l'État marocain et nous ne voulons pas cela. Parfois, nous voulons juste une assistance pour fournir un logement, de la nourriture ou un transport en raison du nombre important de bénévoles», explique-t-il.

Le nombre de médecins bénévoles au sein de l'association est d'environ 200, la plupart sont Marocains, dont 77 chirurgiens et anesthésistes. Aujourd’hui, seuls 3 ou 4 d'entre eux viennent de l'étranger pour «s'occuper des opérations pointues et délicates et transmettent aussi leur savoir aux médecins marocains».

«Par exemple, à Missour, nous avons effectué 124 opérations en 3 jours, alors que le nombre de chirurgies pratiquées par l'hôpital dans cette région ne dépasse généralement pas 20 interventions par an.» (Abder Rahim Faïq)

Une mobilisation que la crise sanitaire n’a pas suspendue

Le docteur en psychologie, père de cinq enfants, explique aussi que son ONG dispose désormais de «nombreuses antennes en France, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne», avec un siège dans le Grand Nancy. «Ces antennes nous aident à collecter les dons», poursuit-il, en précisant qu’il se charge de la recherche de médecins spécialistes et de l'organisation des convois.

Conscient du besoin urgent des populations locales au Maroc pour les services de son association, Abder Rahim Faïq et son groupe ont continué d'apporter de leur aide, quelles que soient les circonstances. «Nos convois médicaux ne se sont pas arrêtés. Même au milieu de la crise du Covid-19, nous avons effectué des opérations chirurgicales comme prévu, avec l'aide du ministère de la Santé», indique-t-il.

Pendant la crise sanitaire, son association a également fourni ses services en France à un certain nombre d'étudiants marocains bloqués après la fermeture des frontières du Maroc et a œuvré pour leur fournir nourriture et abri.

Parmi les projets de l'association ADEP, figure également la «création d'un centre mère-enfant en octobre à Tamsman», situé dans la région de Driouch et qui comprendra une section dédiée à l'accouchement, à la psychomotricité et à la pédiatrie. «Ce serait beaucoup plus facile si nous recevions l'aide de bénévoles», déclare Abder Rahim Faïq.

Sebbane Fatima Zahra (Traduction Yassine Benargane) - Yabiladi

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