
Maglor - Strasbourg, le 11 juillet 2025 – Pour la première fois de son histoire, la Grande Mosquée de Strasbourg a accueilli une prière solennelle pour la République française, la veille de la Fête nationale du 14 juillet. Un geste inédit dans le paysage religieux local, porteur d’un message fort : celui d’un islam pleinement engagé dans les valeurs de la République.
Une première dans le cadre du régime concordataire
En Alsace-Moselle, le régime du concordat napoléonien, hérité de 1801, continue de régir les relations entre l'État et les cultes reconnus : catholicisme, protestantisme et judaïsme. Chaque année, à la veille du 14 juillet, ces religions célèbrent une prière pour la République, exprimant leur fidélité aux institutions françaises.
Jusqu'à présent, l’islam – non reconnu par le régime concordataire – était absent de ce rendez-vous symbolique. En organisant cette prière, la Grande Mosquée de Strasbourg brise un tabou institutionnel et marque une volonté d’inscrire l’islam dans le pacte républicain local.
Un message de loyauté, de paix et d’unité
Cette prière, initiée par Saïd Aalla, président de la mosquée, et soutenue par les autorités locales, se veut un appel à l’unité nationale. Elle vise à rappeler que les fidèles musulmans partagent pleinement les valeurs de liberté, égalité, fraternité et laïcité, piliers de la République.
« Il ne s’agit pas d’une prière politique, mais d’un acte spirituel et citoyen. Nous prions pour la paix dans notre pays, pour ses institutions, pour sa cohésion », a déclaré un représentant de la mosquée.
Dans un contexte de tensions identitaires et de débats parfois virulents sur la place de l’islam en France, ce geste revêt une portée symbolique majeure : celle d’un islam paisible, intégré et respectueux des règles de la République.
Vers une reconnaissance implicite ?
En s’inscrivant dans une tradition pratiquée depuis deux siècles par les autres cultes, la Grande Mosquée de Strasbourg interpelle discrètement le cadre juridique en vigueur. Ce geste peut être lu comme une revendication implicite pour une reconnaissance plus équitable de l’islam dans les institutions d’Alsace-Moselle, sans pour autant rompre l’équilibre laïc propre à la République.
Un signal à l’échelle nationale
La Grande Mosquée de Paris avait déjà, ces dernières années, intégré une prière pour la France dans ses offices. Mais l’initiative strasbourgeoise marque une étape supplémentaire, en l’ancrant dans une tradition religieuse locale à forte dimension républicaine.
Cette action pourrait inspirer d'autres mosquées, en Alsace-Moselle comme ailleurs, et contribuer à changer les représentations souvent négatives associées à l’islam dans l’espace public.