A Rozelieures (Lorraine), la ferme-distillerie Grallet-Dupic, qui produit des eaux-de-vie de fruits et du whisky sous la marque Rozelieures, investit 7 millions d’euros pour la construction de trois chais, leurs équipements (cuves, alambics) et le remplacement de sa chaufferie. Objectif : tripler la capacité de production de la distillerie, portée à 560 000 hectolitres.
(L'usine nouvelle) - L’enveloppe concerne également la malterie que l’entreprise exploite à Lépanges-sur-Vologne (Vosges), dont la production sera portée de 1 000 tonnes annuelles (autoconsommées à moitié par l’entreprise) à 2 600 tonnes. Ce plan doit être mené d’ici à avril 2024. «L’automatisation de la distillerie a été compliquée», témoigne Christophe Dupic, le propriétaire de l’entreprise (15 personnes), qui annonce un process différent pour le séchage du malt, sur les capacités supplémentaires devant être mises en service. «Cela joue sur le goût», poursuit le dirigeant, ingénieur agricole de formation, qui revendique jouer sur l’intensité aromatique de ses malts et sur la traçabilité pour afficher des prix jusqu’à deux fois supérieurs à ceux de malteurs industriels.
Autre pan d’investissement : 8 millions d’euros consacrés à l’achat de tonneaux, de malt, à la création de quatre à cinq postes d'ici à 2024, ainsi qu’à l’immobilisation du stock supplémentaire. «Notre stratégie consiste à aller plus loin dans les comptes d’âge, ce qui nous permettra de nous développer davantage à l’export», indique Christophe Dupic. Des whiskies âgés d’au moins dix ans, pour coller aux attentes du marché. Pour mener à bien les différents investissements, la ferme-distillerie s’est adjoint les services du fonds Unigrains.
Un nouveau whisky bio
Un nouveau pas, donc, pour la ferme-distillerie Grallet-Dupic, qui s’est lancée dans l’aventure du whisky Rozelieures en 2000. Et a commercialisé ses premières bouteilles sur le territoire lorrain en 2007. «A l’époque, nos partenaires financiers étaient frileux quant à l’idée de lancer un whisky français. Lorsque nous avons fait la une de L’Est Républicain à notre lancement, nous avons tout vendu en un mois», se remémore Christophe Dupic. La commercialisation des whiskies s’est étendue à l’échelle nationale en 2013, avant de progressivement s’ouvrir progressivement à l’international – l’un des chantiers qui incomberont à Maxime Dupic, l’un des trois fils du dirigeant, revenu dans l’entreprise familiale après un crochet par l’ingénierie aéronautique. Aujourd'hui, 20% de sa production part à l'export.
Le lancement d’un deuxième whisky bio, vieilli en fûts de vins de Bourgogne, est par ailleurs programmé, tandis que son le premier, Organic, issu d’une double maturation dans des fûts traditionnels et en fûts d’ex-vin rouge de Bordeaux, rejoint la gamme permanente. Sur les 300 hectares de culture dans le giron de l’entreprise (des partenariats sont également passés avec des agriculteurs), 55 sont convertis en agriculture biologique. «Il y a des impasses agronomiques, notamment sur le désherbage. Sur nos terres argileuses, nous devons faire attention aux adventices», précise Christophe Dupic. Une variété d’orge plus ancienne, Explorer, est utilisée pour les whiskies bio.
Parmi les autres pistes identifiées par la ferme-distillerie pour parfaire son bilan environnemental, figure la substitution des 20% de propane utilisés dans le mix énergétique. Grâce à la cogénération, elle revendique déjà 80% d’autonomie énergétique.