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Les faïenceries de Lorraine, Lunéville et Saint-Clément : Un héritage lié à la famille Chambrette

Les faïenceries de Lorraine, Lunéville et Saint-Clément, sont connues dans le monde entier. Une riche histoire est la leur, qui s’étale sur 300 ans.

Maglor avec JMH - L'histoire des manufactures de Lunéville et Saint-Clément est étroitement liée à la famille Chambrette, une saga qui débute au début du XVIIIe siècle. En 1712, Jean-Jacques Chambrette (1683-1751), maître faïencier originaire de Dijon, reçoit l'autorisation par lettres patentes de créer une entreprise en Lorraine, à Champigneulles, pour le compte du comte de Fontenoy. Dirigeant cette faïencerie jusqu'en 1731, Jean-Jacques Chambrette poursuit sa quête de l'excellence dans le monde de la céramique.

L'entreprise voit le jour avec le soutien du duc de Lorraine, dont dépend de la ville de Lunéville. Cependant, les frais de douane de l'époque ainsi que le statut ecclésiastique de Saint-Clément incitent la faïencerie de Lunéville à s'installer dans ce dernier bourg. Cette décision engendre la création d'une nouvelle usine qui profite pleinement des ressources locales : argile abondante, vastes étendues forestières et sources d'eau. Ces éléments essentiels sont indispensables à la fabrication des objets de céramique qui ont perduré dans leur renommée jusqu'à nos jours.

C'est Elizabeth Charlotte, épouse de Léopold, qui accorde à Jacques Chambrette le droit d'installation ainsi qu'une exemption de taxes, renforçant ainsi les bases de l'entreprise. Les premières créations de la faïencerie, baptisées "Biscuits" pour leur blancheur immaculée, sont présentées durant le règne de Stanislas. C'est à cette époque que la faïencerie devient une manufacture royale, mais des dissensions fragilisent l'entreprise.

L'aventure de Lunéville et Saint-Clément prend une nouvelle tournure avec la transformation des deux entités en Keller et Guérin, scellant leurs destins sous de nouveaux noms et un sceau orné des initiales "K et G" autour de la couronne royale. La figure de Sébastien Keller émerge alors, impulsivement une progression significative à la faïencerie. Homme actif et dévoué, il diversifie la production et en assure une qualité exceptionnelle. Au fil du temps, les entreprises passent de mains en mains au sein de la famille, entre cousins ​​et proches.

L'éventail de produits s'étend des faïences communes aux pièces plus délicates et aux luminaires. Des noms prestigieux s'associent à cette industrie de luxe, orchestrant des expériences artistiques mémorables au sein de l'atelier d'art de Maurice de Ravinel. Des artistes renommés tels qu'Ernest Bussière, Edmond Lachenal et Louis Majorelle contribuent à l'Art nouveau en créant des pièces exceptionnelles, orchestrantes ainsi une production qui mobilise jusqu'à 5 000 personnes. Sous la marque "K et G", reconnue internationalement, des mesures sociales exemplaires sont mises en place pour les employés.

Suite aux tourments du XXe siècle, les Keller et Guérin sont contraints de céder leur entreprise. En 1949, une légère reprise s'amorce, comptant quelque 1 100 employés. La manufacture de Lunéville se modernise considérablement, s'équipant d'un four à biscuit de 93 mètres et d'un four à émail de 70 mètres. Malgré ces efforts, les difficultés rencontrées par Lunéville et Saint-Clément contraignent Sarreguemines à arrêter la production de vaisselle, étant donné son efficacité avant de mettre un terme à toute activité en 2002.

Malheureusement, l'activité ne fait que décliner, aboutissant à la liquidation judiciaire du groupe en juillet 2012. Ainsi, l'héritage des manufactures de Lunéville et Saint-Clément, marqué par la famille Chambrette, continue de résonner à travers le temps, rappelant l'importance historique et culturelle de ces entités dans le monde de la céramique.

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