Le président français a fermé la porte aux perspectives de résurrection d’une région Alsace, semant le trouble jeudi chez les élus locaux favorables à un divorce d’avec la région Grand Est.
(AFP) - «Gifle cinglante» ou «fin de la récréation»? Emmanuel Macron a fermé la porte aux perspectives de résurrection d’une région Alsace, semant le trouble jeudi chez les élus locaux favorables à un divorce d’avec la région Grand Est. Venu mercredi en Alsace pour sa première sortie de Paris depuis la promulgation de la réforme des retraites, le président de la République a déclenché une polémique sur la question du découpage territorial, dans un entretien publié par les Dernières nouvelles d’Alsace (DNA).
L’ancienne région Alsace a été absorbée par la réforme territoriale de 2014 dans la région Grand Est, avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne. Emmanuel Macron lui-même avait pu par le passé donner l’impression d’être prêt à accepter une résurrection régionale alsacienne. Lors de la campagne présidentielle de 2022, il s’était prononcé pour un «droit à la différenciation» pour les Alsaciens. Mais dans les DNA, il s’est dit «attaché à ce que l’on ne crée pas de nouvelles divisions».
«Il faut essayer de tenir des solidarités entre nos territoires»
«Je veux que les Alsaciens (...) sachent que la région Grand Est leur apporte beaucoup. C’est le cas notamment pour les transports, l’aménagement du territoire. C’est plus que ce que l’Alsace aurait pu faire seule», a fait valoir le chef de l’Etat. «Il faut essayer de tenir des solidarités entre nos territoires (...) Il ne faut pas de débat qui divise sur ces sujets», a-t-il martelé.
Ce rappel à l’ordre survient alors que la Communauté européenne d’Alsace (CEA), la collectivité qui réunit depuis 2021 les conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, a voté la semaine dernière à la quasi-unanimité une résolution demandant «la création d’une région Alsace à part entière» afin de regrouper les compétences régionales et départementales en une seule entité.
L’intervention du chef de l’Etat constitue «un message de mépris pour l’Alsace», a tonné sur Twitter le maire LR de Colmar, Eric Straumann. Le mouvement régionaliste Unser Land y a vu «une gifle cinglante» pour toute l’Alsace. Mais la revendication territoriale alsacienne parcourt aussi le camp macroniste. En décembre dernier, dix députés de la majorité ont déposé une proposition de loi visant à faire sortir l’Alsace du Grand Est.
Signe de l’agitation provoquée par les propos présidentiels, la députée Renaissance Brigitte Klinkert, l’une des signataires, a annoncé avoir «directement échangé» sur le sujet avec Emmanuel Macron jeudi matin. Dans le même communiqué, les 10 signataires ont réaffirmé leur volonté de défendre l’Alsace «à travers notre proposition de loi». «Je suis déterminé à tout faire pour (que cette proposition) aboutisse au cours de ce mandat», a promis le député Modem Hubert Ott, auteur du texte.