Affluence ce vendredi soir à la salle des fêtes de Tomblaine, pour la soirée « rencontre débat » organisée par le collectif nancéen pour la Palestine et l’AFPS de Lorraine sud.
Affluence et ferveur en solidarité avec le peuple palestinien et pour la liberté de ses prisonniers politiques.
Plus de 250 personnes présentes et enthousiastes, malgré une série de contretemps, avec dans un premier temps un changement de date tardif, puis la déception, avec la nouvelle « quelques heures avant » de l’annulation de la venue de la famille TAMIMI.
Après huit mois passés dans les prisons israéliennes pour Ahed TAMIMI et sa maman, la fatigue physique et morale qui en découle, les TAMIMI ont été confrontés à un énorme mouvement de sympathie et d’engouement lors de leur tournée en France et en Europe, avec de nombreuses sollicitations des médias et de leurs soutiens. Des milliers de contacts, d’échanges, de selfies, à la fête de l’Humanité. 700 personnes présentes à Nantes. 800 à Grenoble. Ahed s’est trouvée confrontée à un gros « coup de fatigue » le matin même de la rencontre prévue à Tomblaine près de Nancy l’obligeant à prendre un peu de repos, alors même qu’elle et sa famille devaient s’envoler le lendemain pour la Grèce.
Malgré la déception, il a été décidé de maintenir la rencontre, qui a connu un succès inattendu dans ces conditions.
Les personnes présentes ont pu entendre par liaison téléphonique Ahed et son père, longuement et chaleureusement applaudis.
Elles ont pu regarder une vidéo poignante et révoltante sur les exactions des forces israéliennes envers les habitants du village de la famille TAMIMI « Nabi Saleh », village qui comme de nombreux autres ont décidé d’une résistance pacifique, malgré la répression des forces israéliennes. Elles ont pu voir également une vidéo relatant l’historique du conflit israélo-palestinien. Un jeune artiste local a présenté un portait de Ahed avec une calligraphie (photo ci-jointe), qu’il a réalisé pour elle et qui lui sera remise lors d’une prochaine visite, puisqu’Ahed a promis de venir à Nancy, la prochaine fois qu’elle sera en France.
Cette soirée et son succès furent un grand réconfort pour tous les militants du collectif pour la Palestine et ceux de l’AFPS qui s’étaient dépensés sans compter pour sa réussite.
Trente personnes parmi les participants ont par ailleurs souhaité être tenues au courant des prochaines actions menées par l’AFPS.
Un grand encouragement dans la lutte pour la solidarité avec le peuple palestinien, pour la reconnaissance de ses droits et le respect des traités internationaux.
Le bureau de l’Association France Palestine Solidarité de Lorraine sud.
On l’a vue mordre un soldat israélien puis, récemment, en gifler un autre. Ahed Tamimi, icône de la lutte contre l’occupation israëlienne de la Palestine perpétue une tradition familiale du militantisme.
Dans la famille Tamimi, il y a bien sûr Ahed, 17 ans, l’adolescente aux yeux pâles et à la crinière de feu
, haute comme trois pommes mais assez grande pour flanquer des gifles mémorables à deux soldats israéliens qui incarnaient tout ce qu’elle déteste : l’occupation des abords de son village, Nabi Saleh (600 habitants), et le grignotage sans fin des terres palestiniennes par les colons juifs.
C’était le 15 décembre 2017. Ce n’était pas la première fois qu’Ahed rugissait, boxait, tatanait. Mais cette fois, cela lui a valu sept mois de détention et une notoriété mondiale.
Sortie de prison en juillet, la nouvelle icône palestinienne a entamé à la fête de L’Humanité, le week-end passé, une tournée européenne pour témoigner. Son statut d’icône ? « C’est très lourd à porter », concède-t-elle, ce mercredi matin, à l’heure du petit-déjeuner, chez un couple de militants de la cause palestinienne qui l’hébergent au nord de Nantes.
« J’ai perdu mon enfance »
La veille au soir, elle s’est exprimée devant 400 personnes. Elle filera ensuite à Grenoble, à Nancy et en Espagne. « J’ai perdu mon enfance et mes journées normales. Je rêvais de devenir footballeuse, mais c’est impossible quand il y a l’occupation israélienne. Alors je veux étudier le droit, devenir avocate et combattre cette occupation », raconte la jeune fille d’un ton un peu las. Elle vient de terminer le lycée et attend de savoir quelle fac l’acceptera, en Palestine ou à l’étranger.
Ahed ne voyage pas seule. À ses côtés, il y a son père Bassem, 51 ans, instituteur au port rigide et aux cheveux gris depuis longtemps. Il est l’un des théoriciens de la « résistance populaire », cette campagne de désobéissance non violente aux diktats d’Israël, qui se réfère à Gandhi, Luther King et Mandela. À Nabi Saleh, elle prend la forme, depuis 2009, d’une marche pacifique, chaque vendredi, vers la source qui alimentait le village, confisquée par la colonie juive voisine d’Halamish.
Cette campagne asymétrique agace et désarçonne Israël, obligé de déployer son armée contre des manifestants équipés de pancartes, occasionnellement de pierres auxquelles répondent des grenades lacrymogènes et des balles, le plus souvent en caoutchouc. Elle n’est pas venue à bout des colonies, mais elle a fait école en Palestine. Les images, savamment diffusées via Internet, s’avèrent désastreuses pour l’État hébreu : « Désormais, la réalité de la colonisation apparaît dans une lumière crue », argumente l’instituteur, qui n’hésite pas à mobiliser les enfants, les siens en particulier. Ahed la teigneuse manifeste depuis ses 8 ans.
« La réussite du modèle non-violent »
Cette désobéissance civile a envoyé Bassem Tamimi en prison à neuf reprises. « C’est le prix à payer », disent d’une même voix le père et la fille.
Dans l’ombre d’Ahed, il y a aussi sa mère, la discrète et subtile Nariman, 42 ans, jamais bien éloignée de la ligne de front. C’est elle qui, sous le nez des soldats israéliens, a filmé les gifles. Condamnée pour provocation et complicité d’agression, elle a accompagné sa fille à la prison de Ha Sharon.
Le rôle invisible des femmes
Son cas a peu été évoqué dans les journaux. « Les femmes ont toujours eu un grand rôle, de manière invisible, dans la lutte des Palestiniens, dit-elle. C’est très important qu’aujourd’hui, à travers Ahed, ce soit une fille qui porte la cause. C’est la réussite du modèle non-violent de Nabi Saleh que d’avoir porté les femmes et les enfants au premier plan. » Son mari Bassem acquiesce : « Ahed est comme cela parce que sa mère est comme cela. »
La fierté des Tamimi ? Peser sur le Hamas, qui règne en maître à Gaza. S’il n’a pas renoncé à la lutte armée, le parti islamiste s’est à son tour essayé, au printemps, aux grandes marches jusque sur la frontière avec Israël. « Aux ballons lâchés par les jeunes Gazaouis, beaucoup avaient accroché le message : Nous sommes la génération Ahed Tamimi. Cela a forcé les chefs du Hamas, les Mechaal, les Haniyeh, à parler d’elle comme d’un modèle », raconte le père de famille, issu lui des rangs du Fatah, mais méfiant à l’égard des appareils politiques. Il ne jure que par l’action citoyenne et locale.
Dans le salon nantais, leurs deux fils, Mohammad, 15 ans, et Salem, 12 ans, se déclarent fiers d’Ahed : « Elle est le symbole de la Palestine. » S’ils replongent vite dans leur smartphone, comme les gamins de leur âge, ils sont en alerte à la moindre nouvelle en provenance du village.
C’est que la famille n’est pas au complet. Le voyage en Europe se fait sans leur aîné Waed, 21 ans. Il a été arrêté en mai et vient d’écoper de quatorze mois de détention, pour avoir jeté des pierres, dont l’une aurait blessé un soldat israélien. Comme lui, quinze jeunes de Nabi Saleh sont actuellement en prison.
Source : Ouest France