La ville de Jœuf en Meurthe-et-Moselle, où Michel Platini a tapé dans ses premiers ballons, projette d'ouvrir d'ici à 2020 un musée dédié à cette grande figure du foot et à son père.
(AFP) - «Ah Platini, ici, c'est quelque chose!», lance Gérard Keff, 72 ans, vice-président de la commission des sports à Jœuf. Ce dernier a eu comme entraîneur Aldo Platini, «de 1958 à 1971» et a joué dans la même équipe que son fils, Michel. «Michel n'a jamais coupé le cordon» avec sa commune natale, où il a vécu jusqu'à son départ pour le club de Nancy en 1972, ajoute Michel Keff, frère de Gérard et président de la Ligue de football du Grand Est. «Ami personnel de Michel Platini», il garde précieusement dans son téléphone portable une photo en noir et blanc de l'équipe de Jœuf, avec l'ancien meneur des Bleus, accroupi, au centre. Les deux frères posent à ses côtés.
L'idée d'un musée dédié aux Platini est née en décembre 2017 lors des obsèques du patriarche qui a initié plusieurs générations de Joviciens au sport, d'abord comme moniteur d'éducation physique au centre d'apprentissage d'une usine dès 1949, puis au club de foot de la ville à partir de 1959. «Le foot occupe une place originale et forte à Jœuf. Quand on parle de Jœuf à l'extérieur, on associe immédiatement la ville aux Platini», explique le maire, André Corzani. Le musée devrait être aménagé dans un bâtiment de l'actuel collège Maurice-Barrès, propriété de la commune, dont la fermeture est prévue à l'été 2019.
«Quand Michel vient, tout le monde se déplace»
Situé sur les hauteurs de la ville, l'établissement jouxte le complexe sportif Platini qui regroupe, dans un écrin de verdure, trois terrains de football, trois courts de tennis, une salle et des espaces de pétanque, une piscine et un gymnase. Les collections du musée, qui s'étendra sur 180 m² et dont l'ouverture est prévue d'ici au printemps 2020, n'ont pas été dévoilées. Une large part sera consacrée à Aldo Platini, «un avant-gardiste qui a mis en place un système de jeu que l'on découvre aujourd'hui», avance Michel Keff. «Il aurait pu devenir joueur professionnel, des grands clubs lui ont fait des propositions mais il a préféré rester à Jœuf où il avait sa vie», croit savoir son frère Gérard.
«Les détails seront à affiner avec Michel Platini pour savoir ce qu'il veut exactement» lors d'une réunion prévue dans les prochaines semaines, indique Jean-Marie Thiriez, président du district de football de Meurthe-et-Moselle. «Il y aura certainement de jolies surprises», promet-il. Dans le cœur des nouvelles générations de footballeurs joviciens, les Zidane, Griezmann et Mbappé ont supplanté l'ancien joueur, entraîneur et dirigeant, triple Ballon d'or. «Mais il continue à attirer du monde. Quand Michel vient à Jœuf, tout le monde se déplace», souligne Gérard Keff.
En 2009, se souvient-il, 12 000 personnes avaient assisté à un match de gala entre la Juventus de Turin (Italie) et l'AS Nancy-Lorraine, organisé par l'ancien milieu de terrain dans sa ville natale pour célébrer le centenaire du club de foot jovicien. Jœuf, 6 700 habitants, est une ancienne cité sidérurgique et minière, marquée par l'immigration italienne et qui a compté jusqu'à 14 000 résidents. «L'histoire du foot et l'histoire socioéconomique de la commune s'entremêlent, Michel est l'enfant de tout ça comme nous le sommes les uns les autres», explique le maire.